Facebook a fermé ces derniers jours les comptes de plusieurs responsables gouvernementaux ougandais. Ces derniers sont accusés d’interférences dans le débat public, à l’approche de l’élection présidentielle, qui doit se tenir jeudi dans ce pays d’Afrique de l’Est.
L’Ouganda organise jeudi une présidentielle dans un climat tendu, opposant notamment le président sortant Yoweri Museveni, 76 ans dont 35 à la tête du pays, à une star de la chanson devenue député, Bobi Wine, 38 ans.
« Ce mois-ci (janvier), nous avons fermé un réseau de comptes et de pages en Ouganda qui étaient impliqués dans un +comportement inauthentique coordonné+ visant à influer sur le débat public en amont de l’élection », selon la responsable de la communication de Facebook pour l’Afrique sub-saharienne Kezzia Anim-Addo, citée par l’AFP.
« Ils utilisaient de faux comptes ou des comptes dupliqués pour gérer des pages, commentaient le contenu d’autres personnes, se faisaient passer pour des utilisateurs, partageaient des contenus dans des groupes pour les faire apparaître plus populaires qu’ils n’étaient », a précisé la responsable.
« Etant donné l’imminence de l’élection en Ouganda, nous avons réagi rapidement pour enquêter et faire tomber ce réseau. Nous avons découvert que ce réseau était lié au Groupe d’interaction des citoyens avec le gouvernement du ministère de l’Information (…) en Ouganda », a précisé Facebook.
La responsabilité des géants de la tech concernant le contenu publié sur leurs plateformes fait actuellement l’objet d’intenses débats. Twitter, Instagram et Facebook ont ainsi banni le président américain Donald Trump, l’accusant d’avoir incité ses partisans aux violences qui ont visé le Congrès mercredi, sur le Capitole à Washington.
Museveni dénonce des « forces étrangères »
Citant des motivations similaires, Amazon a lui arrêté d’héberger sur ses serveurs le réseau social Parler, très apprécié des fans de Trump, tandis qu’Apple et Google l’ont retiré de leurs plateformes de téléchargement d’applications.
Des décisions dénoncées comme une entrave à la liberté d’expression par ses soutiens. Cet argumentaire est également repris en Ouganda. Avant cet incident, l’entourage du président Museveni accusait déjà des « forces étrangères » – sans préciser lesquelles – de soutenir l’opposition pour parvenir à un changement de régime. Une rhétorique désormais utilisée contre Facebook.
Le conseiller en communication du président, Don Wanyama, qui fait partie des personnalités dont les comptes Facebook et Instagram ont été fermés, a notamment contesté la décision du géant américain.
“Honte aux forces étrangères qui pensent qu’elles peuvent installer un régime fantoche en Ouganda en désactivant les comptes en ligne des partisans du NRM”, le parti au pouvoir, a-t-il réagi. “Vous ne vous débarrasserez pas du président Museveni”.
Selon le Mouvement de la résistance nationale (NRM), plusieurs dizaines de comptes ont subi le même sort, appartenant à des personnalité diverses telles qu’un haut responsable du ministère de l’Information et des Communications, un internaute en vue proche du NRM ou un médecin connu.
Les comptes du président n’ont pas été visés par l’intervention de Facebook. Celle-ci survient au terme d’une campagne marquée par de multiples arrestations des candidats de l’opposition en Ouganda, et par des violences qui ont fait au moins 54 morts lors d’une manifestation en novembre.