Le président ougandais Yoweri Museveni

Le président ougandais Yoweri Museveni brigue un sixième mandat et utilise tous les moyens possibles pour s’assurer une victoire, sans courir aucun risque. C’est pourquoi, fidèle à ses vieilles habitudes, il fait harceler son opposant, Bobby Wine qui, entre arrestations et libérations successives, persiste cependant dans sa volonté de déraciner l’homme qui confisque le pouvoir depuis 35 ans. Et qui n’a pas envie de prendre sa retraite. Wine mène un combat désespéré et sait parfaitement qu’il n’a pas la moindre chance, dans l’état actuel des choses, de faire trébucher Museveni. Ce dernier ne lésine pas sur les moyens de coercition et de triche pour rester aux commandes. C’est ce qui justifie la sommation faite aux opérateurs d’internet, dans le pays, de suspendre twitter, facebook, instagram, snapchat, telegram, viber etc.

Cette précaution permet de contrôler le flux des informations qui pourraient inonder les réseaux sociaux et révéler des résultats en contradiction avec les chiffres officiels qui seront servis après la présidentielle de jeudi (14 janvier). Museveni ne veut pas de surprise ;il prend les devants pour l’organisation d’un scrutin « à huis clos » couru d’avance. C’est comme une spécialité en Afrique centrale où il y a, comme un concours de longévité au pouvoir. Avec des « dynasties républicaines », comme il en existent de communistes à l’image de la Corée du Nord et de Cuba.

Quand un pays est en coupe réglée comme l’Ouganda, la répression touche tous les secteurs, y compris donc la communication sous toutes ses formes. Les réseaux sociaux peuvent cependant être des outils efficaces pour les dictateurs et autres apprentis des filières autoritaristes. Trump l’a bien démontré avec twitter jusqu’à sa récente disgrâce. Museveni ne veut pas courir de risque inutile. Il impose le blackout le jour du vote pour frauder en toute quiétude, à l’abri de tout courant alternatif. De toute alimentation électrique qui pourrait faire accéder aux réseaux sociaux qui permettent de fouiner partout.

Museveni est un politicien autoritaire très expérimenté qui avance à visage découvert : il a souvent théorisé la « démocratie à parti unique ». Sans esquisser le moindre sourire ! L’homme est sérieux : il est un gentlemen farmer doublé d’un homme de pouvoir qui a horreur de la concurrence. Bobby Wine l’apprend, presque tous les jours à ses dépens, comme ce mardi, où son domicile a reçu la visite « musclée des policiers », mais il continue un combat courageux qui mérite respect. A 76 ans et 35 ans de pouvoir, Museveni a son avenir derrière lui.