La Commission électorale a annoncé, samedi dernier, la victoire du président sortant Yoweri Museveni, avec 58,6% des voix, contre 34,8% pour son principal opposant, Bobi Wine, à l’issue de l’élection présidentielle du 14 janvier dernier. Mais ce dernier dont la maison est encerclée, depuis la publication des résultats par l’armée, revendique la victoire et dénonce des fraudes massives. A l’heure du bilan, les différents observateurs ne parlent pas le même langage.
Même s’ils reconnaissent des imperfections, les Missions d’observation de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement et de la Communauté de l’Afrique de l’Est, se félicitent du déroulement globalement calme du scrutin.
Répondant aux accusations de fraude électorale, Samuel Azu’u Forkan, le chef de la Mission d’observation de l’Union africaine a juste déclaré sur RFI, « il ne faut jamais parler des choses que vous n’avez ni vues ni observées », préférant parler de l’ambiance paisible dans laquelle s’est déroulée l’élection. Saluant l’engagement des jeunes et des femmes, Forkan a juste regretté une arrivée tardive, la veille du scrutin, au lieu des deux semaines prévues pour un compte rendu fiable.
Toutefois, la Mission de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, a dénoncé la coupure d’internet, qui a perturbé ses travaux d’observation, et appelle Kampala à veiller au bon fonctionnement des machines de vérification biométriques aux prochaines élections.
Crispin Kaheru, observateur indépendant, est allé plus loin, indiquant que la crédibilité du résultat n’est pas démontrée. « La période pré-électorale a été marquée par du chaos, des violences, de l’intimidation et des menaces ; c’est ça le problème. Une élection ne se déroule pas uniquement sur une journée, c’est un processus. Et il ne faut pas nier le fait qu’il y ait eu des défis, notamment pour l’opposition de se rassembler, et ces défis auraient bien pu impacter le déroulement du scrutin », a, en effet, déclaré Keheru au micro du média français.
La Mission d’observation de la communauté de l’Afrique de l’Est est allée dans le même sens, appelant les autorités ougandaises à revoir la conduite des forces de sécurité, accusées par l’opposition de harcèlement.
Arrivé au pouvoir en 1986, Yoweri Museveni, l’ex-guérillero, dirige l’Ouganda depuis 35 ans. Sur le continent africain, seuls Teodoro Obiang Nguema en Guinée Equatoriale et Paul Biya au Cameroun ont passé plus de temps au pouvoir que lui, sans discontinuité.