Le président Yoweri Museveni cherche-t-il à instaurer une nouvelle monarchie en Ouganda ? On pourrait le croire car l’autocrate qui règne sans partage depuis trente ans et qui vient de se faire réélire pour un cinquième mandat consécutif le 20 février dernier ne se gêne plus pour nommer les membres de sa famille au cœur du pouvoir.

Vers un régime familial ?

Il a ainsi nommé sa femme Janet Museveni ministre de l’Education, et avait déjà promu un de ses fils major-général.
Pour que l’un d’eux devienne « dauphin », il n’y a qu’un pas que la logique de la dictature installée pourrait permettre de franchir allégrement.

L’Afrique anglophone du Zimbabwé, Rwanda et Ouganda a tourné le dos à la démocratie au grand dam des populations de ces pays qui ont subi des régimes de terreur avec Idi Amin Dada en Ouganda, l’Apartheid au Zimbabwé et le génocide des Tutsis au Rwanda.
Les trois dirigeants actuels de ces pays qui ont tiré leur légitimité des combats héroïques contre les régimes précédents ont sombré dans l’ivresse du pouvoir et instauré la dictature.
Triste et terrible retournement de situation.

Multiplication des arrestations

Le cas de l’Ouganda laisse perplexe car la personnalité de Museveni est difficile à cerner. L’homme est un intellectuel qui « théorise la démocratie sans partis », ne recule devant rien pour empêcher ses adversaires politiques de s’exprimer librement, organise des élections truquées et maintenant met en place un régime familial avec femme et enfant.

Le système est verrouillé comme en attestent les arrestations répétées du chef de l’opposition Warren Kizza Besigye, leader du Front pour le changement démocratique (FDC), encore détenu depuis le 11 mai.
Trente personnes ont été arrêtées vendredi, parmi lesquels de nombreux militaires accusés de préparer un coup d’Etat et deux civils. L’un d’eux est le député Michael Kabaziguruka, membre du parti FDC.

Faire face

Il s’agit d’une nouvelle péripétie du feuilleton électoral marqué par la fraude et les intimidations et harcèlements dont ont été victimes les opposants.
Ces entorses à la pratique démocratique ont été constatées et dénoncées par les observateurs internationaux européens et du Commonwealth. Mais cela n’avait pas empêché Yoweri Museveni de se déclarer vainqueur avec plus de 60 % des voix dès le premier tour.

A soixante-et-onze ans Yoweri Museveni n’a aucune intention de respecter le jeu démocratique. Le pouvoir est un moyen personnel dont il use et abuse. Ses opposants en sont conscients et n’ont pas d’autre choix que de faire face.

 

 

Image : Janet Museveni, épouse du président Yoweri Museveni, a été nommée ministre de l’Education. Un régime familial est-il en train de s’installer en Ouganda ?