Le président Buhari

Le président nigérian a du retard à l’allumage, si on peut dire. En effet depuis l’annonce de la fin du CFA (et le lancement de l’ECO) au mois de décembre, c’est seulement maintenant, 6 mois après, qu’il se réveille pour faire des critiques et craindre un risque éventuel de « dislocation de la CEDEAO ».

Il s’offusquerait que ce soit une « reconduction » du franc CFA ? Et alors, en quoi cela menacerait-il la CEDEAO qui existe sur la base de la désunion monétaire, si on ose dire et/ou de la pluralité des monnaies nationales.

Et le moins qu’on puisse dire est que le CFA tient mieux la route que les autres en Afrique de l’Ouest. Avant le covid 19, ce sont la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui affichaient le taux de croissance le meilleur dans la sous-région et se classaient dans le top 5 continental et top 10 mondial.

Le Nigéria est bien un géant démographique et économique, mais son talon d’Achille est la mauvaise gestion, la corruption, le manque de rigueur, de sérieux, toutes choses qui l’empêche d’exercer un leadership efficace en Afrique de l’Ouest et en Afrique en général.

Le président Buhari a un problème avec lui- même, c’est à dire l’incapacité de son armée de se défaire des terroristes de Boko Haram, de son gouvernement de lutter efficacement contre la pauvreté et de mobiliser les immenses ressources du pays pour le développer.

Les problèmes du Nigéria, il est vrai, impactent toute la zone, du fait de la taille de son économie et du nombre de ses habitants (un africain sur 5 ou 6 est nigérian). Aussi, objectivement, tout africain a intérêt à ce que ce pays devienne une locomotive économique dynamique et fiable. Malheureusement, ce n’est pas demain la veille. Et l’union monétaire n’a rien à voir avec.

D’ailleurs, faiblesses structurelles du Nigéria sont un grand danger pour une éventuelle unité monétaire CEDEAO qui serait ipso facto sous le contrôle de cette puissance peu vertueuse.

L’union européenne a un leader, l’Allemagne qui est un modèle de rigueur dans la gestion financière et économique. L’euro est une autre appellation du deutsh mark, si on ose dire. L’union monétaire ouest-africaine ne se décrétera pas. Il est un objectif que les pays ont intérêt à atteindre pour leur émancipation économique et politique.

Mais toute précipitation pourrait désarticuler les économies nationales et ouvrir des possibilités énormes aux ennemis de l’Afrique : spéculateurs, corrupteurs, mercenaires économiques etc. Une monnaie est aussi une cible. Il faut le savoir !

Buhari a perdu une bonne occasion de garder le silence après avoir observé, pendant 6 mois, un silence assourdissant.