L’opposant numéro un au Niger, l’ex-premier ministre Hama Amadou a été écarté de la liste des candidats retenus par la cour constitutionnelle. C’est sa condamnation à un an de prison dans « l’affaire des bébés volés » dans laquelle il a été « impliqué avec son épouse » qui « justifie » la décision de la cour constitutionnelle  de l’écarter.

A l’évidence il y a acharnement politique sur Hama qui avait été emprisonné en 2016 alors qu’il disputait le deuxième tour contre Issoufou. Il n’ a pas pu faire campagne et il ne sera élargi de prison que pour être « envoyé en exil en France ».

Son retour salué avec beaucoup d’euphorie par ses partisans accouche donc d’un coup de force politique qui permet au pouvoir d’empêcher sa candidature. La manœuvre est grossière et révèle la peur bleue des tenants du régime qui sont conscients que Hama est le seul adversaire à même de remporter la présidentielle.

Issoufou qui prend sa retraite après 2 mandats ,ne veut surtout pas être remplacé par son pire ennemi qui pourrait lui rendre la monnaie de sa pièce. Il a choisi Mohamed Bazoum, ministre de l’intérieur pour lui succéder comme candidat MNSD. Même avec l’élimination de Hama ,la victoire de Bazoum n’est pas jouée d’avance.

Certes il a l’appareil du pouvoir et tous les avantages qui vont avec ; mais ses adversaires comme l’ancien président Mahamane Ousmane et l’ex-général putschiste Salou Djibo ont des atouts à faire valoir.

Et peuvent forcer un second tour de tous les dangers pour le dauphin de Issoufou. La question est de savoir si les élections seront transparentes ? Il est permis d’en douter car le Niger a une longue tradition de fraude électorale et de coups d’Etat militaires.

Le régime veut bien jouer la démocratie mais en contrôlant tout pour « servir » une victoire  préfabriquée à son candidat. Le pays est immense, désertique, très pauvre et très peuplé, un contexte propice à toutes sortes de manipulations électorale.

Une fois Hama mis sur la touche, le MSND est en roue libre, sauf si ce dernier choisit de soutenir totalement un autre candidat qualifié comme Mahamane ou Djibo. Va-t-il faire un tel saut dicté par le réalisme politique ? Ou engager une épreuve de force avec le régime qu’il n’a jamais eu les moyens de  remporter. Jusqu’ici !

Quoiqu’il en soit le Niger entre dans une zone de turbulence dans un contexte de pandémie de la covid19 et de guerre contre les terroristes islamistes. Comme le Mali et le Burkina qui est aussi en campagne électorale présidentielle, le Niger est dans l’œil du cyclone et constitue un pays à risque pour la sécurité internationale.

Une bonne raison pour envoyer des observateurs impartiaux dans ce pays pour suivre le processus électoral en cours. Le moment d’empêcher une dérive aux conséquences imprévisibles, dans un pays très fragile, c’est maintenant.