L’ancien président Mahamane Ousmane a rejeté la décision de la cour constitutionnelle qui valide et officialise la victoire de Mohamed Bazoum à la présidentielle nigérienne. Il se rebiffe car ses « recours » n’ont pas été examinés. Le plus grave, il appelle ses partisans à une « marche pacifique » pour contester les résultats proclamés qui créditent Bazoum de 55% des suffrages et lui de 44% . C’est une période de tension qui risque de s’ouvrir dans un pays où une nouvelle attaque terroriste vient de faire plus de 130 morts.
Et, ce d’autant que la déclaration de Mahamane lue à la presse est d’une rare fermeté : « nous demandons au peuple nigérien souverain, sans délai, de se mobiliser, comme un seul homme, dans la fraternité et la cohésion nationale, pour défendre sa souveraineté à travers une marche démocratique et pacifique sur l’ensemble du territoire national. Et faire échec, par tous les moyens de droit, à cette tentative d’usurpation du pouvoir ». Il dénonce ,aussi, « une oligarchie » qui cherche à se maintenir coûte que coûte au pouvoir, en confisquant sa victoire.
A l’évidence le vaincu est toutes griffes dehors pour essayer de remettre en cause un verdict qui n’est pas susceptible de recours. Son appel au peuple, malgré les précautions « oratoires » qui permettent d’éviter des accusations à l’insurrection, invite à la défiance et à l’épreuve de force, sur tout le territoire national. Cette marche envisagée serait grosse de toutes sortes de dérives dans un pays où règne l’insécurité avec les attaques meurtrières quasi quotidiennes. Le régime que défie Mahamane est toujours en place car Bazoum a pour mentor Issoufou à qui il devrait succéder début avril.
La question est de savoir si le bras de fer engagé par le « perdant » va prospérer. Rien n’est moins sûr ! Mais des dérives violentes pourraient se produire et envenimer une situation déjà très préoccupante. Quand est-ce que l’acceptation des résultats électoraux serait -elle la règle en Afrique et leur contestation, l’exception ? Ce n’est pas demain la vieille au vu des relations exécrables qui existent, presque partout, entre opposition et pouvoir. Le Niger était en train de réussir la première alternance et/ou changement pacifique à la tête de l’Etat. La sortie de Mahamane crée de nouvelles tensions qui font craindre le pire.