Le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a repris lundi 10 avril 2023. L’audience a été marquée par les accusations d’un ancien général de l’armée, qui a affirmé devant la Cour, avoir reçu l’ordre de l’ex chef de l’Etat de céder une partie de l’enceinte de l’école de police de Nouakchott pour sa transformation en un centre commercial.
L’ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz est devant un tribunal criminel de Nouakchott depuis le 25 janvier dernier, pour des faits présumés de corruption, détournements de biens publics et blanchiment. Des accusations que l’ex chef de l’Etat a toujours niées.
Lundi, le tribunal a auditionné plusieurs témoins, dont le général à la retraite et ancien directeur général de la police, Ould Beckrine, qui a réitéré des accusations contre l’ancien président.
Il a notamment accusé Mohamed Ould Abdel Aziz, de lui avoir donné l’ordre de céder une partie de l’école de police de Nouakchot en vue de sa transformation en un centre commercial, sans pour autant avancer un quelconque montant.
L’un des avocats de l’Etat mauritanien, Maître Lo Gourmo, a saisi la balle au rebond pour dénoncer un bradage des biens publics de la part de l’ex chef de l’Etat.
« On a bien vu que le témoignage du général a mis en lumière l’interventionnisme de l’ancien chef de l’État. Et, surtout, sa tendance à s’emparer des biens publics, pour en faire des affaires privées, des biens privés, par des transactions douteuses», a-t-il déclaré.
Pour sa part, Maître Ciré Clédor Ly, l’un des avocats de Mohamed Ould Abdel Aziz, a dénoncé la méthode de la Cour pour accabler son client en l’absence de débat contradictoire.
« Les dépositions d’un témoin n’ont de sens et de valeurs que lorsqu’elles sont soumises à un débat contradictoire. Il en est ainsi des documents dont l’accusation entend se prévaloir, et qui n’auront aussi de valeur que lorsqu’ils feront l’objet de débats contradictoires. En tout état de cause, les témoignages de ceux qui ont défilé n’ont eu aucun intérêt juridique», a dit l’avocat sénégalais.
Le procès a été encore suspendu et reprendra après la fête de l’Aïd el-Fitr, qui marquera la fin du ramadan, dans une dizaine de jours.
Jeudi dernier, l’ancien président avait plaidé non coupable de tous les faits qui lui sont reprochés. Il avait également déclaré que cette Cour n’est pas compétente pour le juger, selon la constitution mauritanienne.
Mohamed Abdel Aziz est jugé en même temps que 10 responsables de son régime, dont deux ex-Premiers ministres, d’anciens ministres et des hommes d’affaires.