Mohamed Ould Ghazouani a été investi jeudi 1er août 2019 nouveau président de Mauritanie.

Le premier remaniement ministériel opéré par le président Ghazouani n’a pas accouché de changements spectaculaires. Aucun des ministères régaliens n’a vu son titulaire changer de poste. Sur 22 ministres seuls 6 ont été remerciés, ceux-là même cités dans le rapport parlementaire qui a passé au peigne fin la gestion des deux mandats du prédécesseur de Ghazouani, Aziz.

Il apparaît donc que le but du remaniement était de poursuivre la purge des éléments naguère très favorables à l’ancien chef de l’exécutif Aziz qui n’est plus en odeur de sainteté auprès de son ex homme de confiance et nouveau chef de l’Etat. Ainsi la lutte entre les deux ex-alliés devenus ennemis continue de plus belle et tout laisse croire que Aziz est en mauvaise posture.

Certes il a bravé le courroux de la commission parlementaire en refusant de déférer à sa convocation. Mais rien ne dit qu’il va s’en tirer à si bon compte. Son erreur à été de penser que Ghazouani allait simplement lui chauffer la place ,en restant à son service. Comme Poutine et Medvedev ont su jouer ce rôle de composition en Russie post-communiste.

Le hic est que la Mauritanie n’est pas la Russie et que Ghazouani n’est pas ni un godillot ni un faire-valoir. Il est général comme Aziz et entend assumer pleinement ses fonctions de chef de l’Etat. Cependant il a su gagner la confiance de Aziz  en cachant bien son jeu.

Aziz s’en rendra compte une fois qu’il a quitté le pouvoir et la Mauritanie pour aller se reposer à l’étranger. A son retour tout avait changé  et sa tentative de retrouver les rênes du parti a été tuée dans l’œuf par son successeur.

Il a pris beaucoup de temps avant de comprendre que Ghazouani avait fait place nette  pour un changement radical. Le dernier remaniement participe de cette « désazization » implacable. Maintenant il faut attendre la suite des opérations :la machine judiciaire va-t-elle entrer en action ? Si oui, ira-t-elle jusqu’au bout pour nettoyer les écuries d’Augias ?

Qui sera épargné ou pas ? En politique, il est très risqué d’éliminer un adversaire « à moitié ». Un lion blessé et non achevé est très dangereux et capable du pire.