Le procès de l’ex -président Mohamed Ould Abdel Aziz a accouché d’un verdict sévère : 5 ans de prison ferme, perte de ses droits civiques et confiscation de ses biens.
Il a été reconnu coupable d’enrichissement illicite et de blanchiment.
Mais, le tribunal n’a pas suivi le parquet qui demandait 20 ans de prison ferme.
Les avocats de l’ex-homme fort de Mauritanie, putschiste ,reconverti en démocrate et qui a librement quitté le pouvoir, après deux mandats de 5 ans, vont faire appel.
Ce procès suscite de nombreuses interrogations en ce qui concerne, la détérioration des relations,naguère exemplaires ,entre Ould Aziz et son successeur, Ould Ghazouani.
A l’évidence ,la volonté d’Aziz de se repositionner pour reprendre le pouvoir, a produit une rupture de choc, si l’on ose dire ,car Ghazouani a refusé de jouer le rôle de Medvedev (en référence à l’arrangement entre Poutine et Medvedev qui avait permis au premier de laisser la présidence au second, pour le reprendre ,après) .
Pour respecter l’impératif constitutionnel de ne pas briguer trois mandats constitutifs.
Le deal avait fonctionné à merveille pour les deux.
Dans le cas d’AZIZ et GHAZOUANI ,y-a-t-il eu « deal »,rien n’est moins sûr !
Ou alors ,Ghazouani s’est rebiffé et Aziz n’a pas voulu accepter la réalité des faits.
Il aura appris à ses dépens que celui qui tient le pouvoir n’est plus le « second » d’avant.
Ce déchirement amène aussi beaucoup de vrais démocrates à se poser des questions sur les lendemains de départ du pouvoir, dans des pays où les institutions ne sont pas très solides
Et, où les tentations dictatoriales sont bien connues.
La Mauritanie a déjà connu de nombreux coups d’Etat militaires et les deux chefs d’Etat : Aziz et Ghazouani sont des généraux, d’abord et avant tout.
Ils savent commander et assumer un leadership : « alors quand on est aux commandes ,on commande »,on ne se laisse pas dicter ce qu’on fait.
Même si l’ex-président a œuvré pour votre succès électoral.
Aziz, d’ailleurs ,dans un dernier coup d’éclat, lors du procès, a affirmé ,devant une salle d’audience médusée que « le président Ould Ghazouani,lui avait remis deux valises remplies d’argent ».
Il a oublié qu’accuser un homme de pouvoir ,en exercice ,prospère rarement.
Il a aussi oublié : « qu’on ne peut pas être et avoir été ».
Sauf à de rares exceptions !
N’est pas un « come-back kid » qui veut.
Les années de prison qui lui restent à purger, vont lui permettre de méditer sur le pouvoir et les retournements de situation imprévisibles qui peuvent en germer.