Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz vient d’exprimer sa volonté de supprimer le Sénat dans son pays. Cette annonce surprise faite mardi 3 mai lors d’un déplacement à l’intérieur du pays suscite bien des interrogations.

Un référendum pour trancher

Le président Aziz a argué des « lourdeurs des procédures liées à l’existence du Sénat » pour préconiser sa suppression pure et simple. Sans donner davantage d’informations sur une éventuelle date, il promet l’organisation d’un réferendum pour trancher la question.

Cette sortie du chef de l’Etat mauritanien ne rassure ni ses partisans ni ses opposants. Les premiers seraient lésés par la disparition de la deuxième chambre où ils sont nombreux à occuper des postes. Les seconds soupçonnent une manœuvre pour préparer un changement constitutionnel pour se donner la possibilité de briguer un troisième mandat à l’issue de celui en cours – son deuxième – jusqu’en 2019.

Vers une révision constitutionnelle ?

Récemment des ministres du gouvernement se sont publiquement prononcés en faveur d’une révision constitutionnelle pour permettre à Aziz de solliciter un troisième mandat. Le président ne les a pas désavoués, sans néanmoins donner un point de vue clair et net sur le sujet.
Certes il a encore du temps devant lui mais il sait qu’il vaut mieux pour lui agir vite pour éviter de s’enliser dans la contestation populaire.
Comment faire ? En créant la diversion sur la suppression du Sénat par exemple, en mettant au pas ses partisans récalcitrants menacés ainsi indirectement de perdre leur poste, et en poussant les opposants dans une guerre politique d’usure.

La question est cependant sensible et c’est pourquoi Aziz avance masqué en suscitant un débat, pour le moment dans le vide. Il piège l’opposition au passage en l’appelant au dialogue sur ce sujet qui devrait l’enthousiasmer.
Cependant ces derniers sont prudents car ils flairent une manœuvre présidentielle.

Pourquoi après huit ans de mandat ?

La Mauritanie entre ainsi dans une période de bataille politique stratégique. Mohamed Ould Abdel Aziz reste le maître du jeu et il avance ses pions avec beaucoup de doigté. Mais ses adversaires le voient venir. Pourquoi il ne s’était-il pas soucié du Sénat et de ses lourdeurs depuis huit ans ? Sa subite volonté d’agir avec célérité fait réfléchir.

 

 

Crédit image : © Magharebia, Jemal Oumar. – 20110808 Mauritanian president answers critics, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons.