L’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et une dizaine de hautes personnalités ont été inculpés jeudi 11 mars à Nouakchott pour corruption et placés sous contrôle judiciaire.
Le juge d’instruction a suivi les réquisitions du procureur Ahmedou Ould Abdallahi qui avait demandé l’inculpation et le placement sous contrôle judiciaire de Ould Abdel Aziz, d’un de ses gendres, de deux anciens Premiers ministres et de plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires, selon une source judiciaire proche de l’enquête, citée par l’AFP.
L’un des avocats de l’ancien président, Me Mohameden Ould Icheddou, a confirmé l’information. Son client « a refusé de répondre aux questions du juge, s’en tenant à l’immunité que lui confère la Constitution en son article 93 », a-t-il dit à l’AFP.
Le juge précisera prochainement les conditions du contrôle judiciaire, a dit la même source judiciaire anonyme. Le procureur a requis un contrôle judiciaire « poussé ». Après plus de dix ans au pouvoir entre 2008 et 2019, cette inculpation représente une nouvelle étape de la chute de Ould Abdel Aziz sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son ancien chef de cabinet et ministre, dont il avait pourtant préparé l’accession à la présidence.
L’ex-président crie au « règlement de comptes »
Ould Abdel Aziz crie au « règlement de comptes ». Son successeur a constamment invoqué l’indépendance de la justice. La justice est saisie depuis août 2020 du rapport d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les années de pouvoir de Ould Abdel Aziz.
La commission s’est penchée sur plusieurs aspects: gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l’Etat, liquidation d’une société publique assurant l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires ou activités d’une société chinoise de pêche.
Au terme d’une enquête préliminaire transmise au parquet début mars, la procédure s’est accélérée avec la convocation en début de semaine d’une kyrielle de personnalités dans les locaux de la police à Nouakchott, dont l’ancien chef de l’Etat. Celui-ci a été entendu mercredi par le procureur.
Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire, Ould Abdel Aziz a été élu en 2009 et réélu en 2014 président de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de 4,5 millions d’habitants. Ghazouani, son dauphin, a été élu à sa succession en juin 2019.
Depuis, l’ex-président a perdu en décembre 2019 la direction de l’Union pour la République (UPR), parti qu’il a fondé. En août 2020, il a été interrogé plusieurs jours par les policiers et est ressorti privé de son passeport.