Mohamed Ould Abdel Aziz, ex-président de la République Islamique de Mauritanie

Les avocats de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz se sont retirés de son procès pour enrichissement illicite présumé en dénonçant la violation des droits de leur client par la Cour, ont indiqué deux d’entre eux hier mardi.

L’ex-président Aziz, 66 ans, est jugé depuis le 25 janvier par un tribunal à Nouakchott pour avoir abusé de son pouvoir afin d’amasser une fortune immense quand il dirigeait de 2008 à 2019 ce pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.

Il répond avec dix autres personnalités, dont deux anciens Premiers ministres, d’anciens ministres et des hommes d’affaires, des chefs d’ « enrichissement illicite », « abus de fonctions », « trafic d’influence » ou « blanchiment ».

Le collectif d’avocats de l’ex-chef de l’Etat a décidé de se retirer lundi alors que les parties civiles commençaient leurs plaidoiries, parce que, « lorsqu’un accusé est privé de tous ses droits (…) le procès se transforme en parodie », a déclaré Me Ciré Clédor Ly. 

Me Clédor Ly et son confrère Me Taleb Khyar Ould Mohamed Moloud ont affirmé que la Cour refusait de traiter les requêtes de la défense d’Aziz et de faire entendre des témoins à décharge. Aziz « subit des inégalités de traitement » jusqu’en détention, a dit Me Clédor Ly, qui a dénombré 356 violations des droits de son client. 

La Cour a commis d’office deux avocats pour défendre l’ex-président Aziz, mais ce dernier « refuse systématiquement de collaborer avec eux », a rapporté Me Mohamed Moloud, en soulignant que le collectif qui s’est retiré restait le défenseur légitime d’Aziz. 

Le procès reprendra le 23 octobre, le temps pour les avocats commis d’office de prendre connaissance du dossier, a expliqué la Cour. 

L’ex-président mauritanien, général porté au pouvoir par un putsch en 2008 puis élu chef de l’Etat en 2009 et réélu en 2014, est l’un des rares ex-chefs d’Etat à devoir rendre compte sur la façon dont il s’est enrichi au pouvoir. Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang.