L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui avait été accusé d’enrichissement illicite, recel et blanchiment d’argent au cours des dix années qu’il a dirigé le pays, avait été incarcéré en fin juin 2021 pour ne pas avoir respecté les règles de son contrôle judiciaire. Il avait ensuite bénéficié d’une résidence surveillée en janvier dernier, pour des raisons de santé. Le délai de son contrôle judiciaire expire aujourd’hui, mais aucune date n’a encore été fixée pour son procès.
Le contrôle judiciaire de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz prend fin ce mercredi 7 septembre 2022. Mais l’ex chef de l’Etat n’est toujours pas fixé sur la date de son éventuel procès. Pourtant, l’instruction de son dossier a été bouclée le 1er juin dernier. Ses avocats qui estiment ne pas avoir eu accès à ce dossier avant sa clôture, ont interjeté appel et commencent à s’impatienter avec le silence des autorités concernant cette affaire.
Un de ses conseils, Me Taleb Khiyar s’est d’ailleurs confié à RFI pour exprimer ses préoccupations. «Nous attendons d’abord que l’ancien président de la République recouvre la liberté et ses mouvements. Nous estimons également qu’il est grand temps que cette procédure se termine et qu’elle débouche sur un procès équitable, public, où on entendra enfin l’ancien président de la République. Si cela ne se réalise pas, cela voudra dire que la cabale politique se poursuit », a-t-il déclaré.
Les avocats du collectif de défense de l’État, partie civile dans cette affaire, estiment pour leur part, qu’il y a suffisamment de preuves contre l’ancien président mauritanien en vue d’un futur procès public.
« Les faits sont têtus. Quand vous avez 2 milliards [de dollars] qui sont là, déposés dans des banques, quand vous avez des immeubles ici et là, quand vous avez des transactions qui sont ce qu’elles sont, les faits sont là. Immanquablement, une audience publique connaîtra le fond du dossier et les juridictions mauritaniennes statueront en toute liberté », a, en effet, rappelé Me Yarba Ahmed Saleh.
Mais dans ce dossier qui peut aller jusqu’à la Chambre pénale de la Cour suprême, il faudra que la Cour d’appel statue d’abord sur les recours déposés avant qu’une date d’audience ne soit fixée.
Agé de 66 ans, Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien général de l’armée mauritanienne, a dirigé le pays du 6 août 2008 au 1er août 2019.
Il est l’un des meneurs du coup d’État d’août 2005 qui déposa le président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, puis conduit le coup d’État d’août 2008 qui avait renversé le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et le Premier ministre Yahya Ould Ahmed El Waghef.
En 2018, il annonce son intention de quitter le pouvoir à l’expiration de son second et dernier mandat, conformément aux dispositions de l’article 28 de la Constitution mauritanienne de 1991.