Comme annoncé, le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz s’est ouvert, hier mercredi 25 janvier, au tribunal de Nouakchott. Arrêté la veille, l’ex chef de l’Etat était bien présent dans le box des accusés, ainsi que 12 anciens hauts responsables de son régime.
L’ex dirigeant mauritanien qui a gouverné le pays pendant 10 ans, jusqu’en 2019, est poursuivi avec ses co-accusés pour enrichissement illicite, abus de fonctions, trafic d’influence, blanchiment, corruption, entre autres.
Un procès historique qui s’est ouvert donc, hier, à Nouakchott, car c’est la première fois qu’un président comparait devant la justice pour des faits de corruption. La Mauritanie a déjà jugé et condamné deux chefs d’État, en 2003 et en 1978, pour des crimes de sang et d’atteinte à la sûreté de l’État.
Mohamed Abdel Aziz avait été arrêté, mardi après-midi, avec les autres accusés, et placés en détention, en vue de ce procès qui a démarré par un appel des accusés.
Quand il a été appelé, Abdel Aziz habillé en boubou bleu, s’est levé et a fait un signe de la main, rapporte l’Agence France Presse. Il était avec les autres prévenus dans le box des accusés. Des centaines de policiers encerclaient le tribunal et filtraient l’accès.
Agé de 66 ans, Mohamed Abdel Aziz a toujours nié les faits qui lui sont reprochés, mais n’a jamais donné des explications sur l’origine de sa fortune estimée à 67 millions d’euros, en mars 2021, au moment de son inculpation. Des investigations sont encore en cours sur ses avoirs à l’étranger.
Ce procès intervient après deux ans de procédure judiciaire avec 12 accusés dont un ancien président, deux anciens Premiers ministres, plusieurs anciens ministres, un dossier d’instruction de près de 5 000 pages, plus d’une vingtaine de témoins appelés à comparaître, et une soixantaine d’avocats pour plaider.
La défense de l’ancien président accuse le ministère de la Justice d’avoir instrumentalisé l’instruction du dossier et remet en cause l’enquête parlementaire qui a mené à l’ouverture d’une procédure judiciaire.
Pour les avocats de l’État mauritanien, partie civile dans ce procès, c’est une occasion historique de lutter contre la corruption dans le pays.
Quatorze organisations de la société civile se sont réunies dans une Alliance nationale de lutte contre la corruption qui s’est portée partie civile dans ce procès.
Mohamed Ould Abdel Aziz et ses co-accusés encourent des peines allant jusqu’à 20 années d’emprisonnement.