Un tribunal espagnol a suspendu lundi le rapatriement vers le Maroc d’un groupe de mineurs arrivés dans l’enclave de Sebta, sur la côte marocaine, lors d’une vague migratoire mi-mai qui avait vu affluer quelque 10.000 personnes.
Si la plupart de ces migrants avait été renvoyée au Maroc peu après leur arrivée à Sebta, cette petite ville de quelque 80.000 habitants abritait encore près de 820 jeunes migrants en juillet, d’après le Parquet de Sebta chargé des mineurs.
Le gouvernement espagnol de gauche de Pedro Sánchez a commencé vendredi à les renvoyer au Maroc par groupes de 15. Mais deux ONG ont demandé à un tribunal de Sebta de bloquer les expulsions de douze jeunes migrants qui avaient sollicité leur aide pour rester.
Les mineurs isolés sont ramenés au Maroc sans avoir eu accès à un avocat et sans avoir pu se faire entendre, a affirmé Patricia Fernández Vicens, avocate de l’une de ces deux ONG, Coordinadora de Barrios, citée par l’AFP.
Ce renvoi vers leur pays d’origine « est légal et possible seulement s’il est assorti d’une série de garanties », a-t-elle expliqué.
Pour le tribunal de Sebta, qui a donné raison aux ONG, « la seule solution possible » était la suspension du renvoi de ces douze mineurs dans l’attente de l’étude de leur dossier, a-t-elle poursuivi. Trois de ces migrants avaient toutefois déjà été rapatriés au Maroc.
Cette décision judiciaire constitue un revers au moins temporaire pour le gouvernement espagnol, qui compte bien rapatrier graduellement la totalité de ces quelque 800 jeunes.
Lundi matin, le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, avait une nouvelle fois défendu ces renvois d’enfants et d’adolescents non accompagnés au Maroc en affirmant que les mineurs « vulnérables » n’étaient pas concernés par la mesure et en assurant que « l’intérêt de l’enfant était garanti », lors d’une interview sur la radio Cadena Ser.
Ces rapatriements ont provoqué de nouvelles tensions au sein de la coalition au pouvoir à Madrid, le parti de gauche radicale Podemos, allié des socialistes, ayant de nouveau exprimé son opposition à cette pratique et ayant demandé au Premier ministre qu’il y soit mis fin.