Le lundi 30 janvier 2017 et après l’élection du nouveau président de l’Union africaine ainsi que celle du président de la commission, les chefs d’Etats des pays de l’Afrique, réunis à huis clos à la salle des plénières Nelson Mandela avaientt pour mission d’examiner le dernier des points de l’ordre du jour, à savoir le retour du Maroc au sein de l’institution panafricaine.

Il est 17h sur place à Addis-Abeba et les membres de la délégation marocaine ainsi que les journalistes et les sympathisants de la cause marocaine s’impatientent devant la salle de réunion. Les diplomates, quittant la salle pour diverses raisons, accordaient quelques petites indiscrétions à la presse sans grandes révélations.

Mais à l’intérieur de la salle, le climat chauffait entre pro-marocains et les opposants à la demande du Royaume. Chef de fil de cette opposition, le président sud-africain, Jacob Zuma n’a pas hésité a annoncé clairement son refus du retour du Maroc. «La Constitution du Maroc stipule clairement que le territoire marocain s’étend jusqu’à la frontière avec la Mauritanie. Le pays ne reconnait donc pas la RASD, en contradiction avec à la charte de l’UA. L’adhésion du Maroc risque de diviser l’UA qui a besoin d’unité…je me rends aujourd’hui compte que la démocratie a aussi des inconvénients. Passons…», a souligné le président de l’Afrique du Sud.

Une position qu’il n’était pas le seul à adopter. En effet, une dizaine de pays africains ont montré une opposition farouche à cette entreprise marocaine. Mais la voix de la raison a fini par prendre le dessus. Le président Rwandais, Paul Kagamé a plaidé en faveur du Royaume. «Rien ne peut empêcher un État africain de rejoindre l’UA, quand il a réuni les conditions nécessaires. Tout le monde a des problèmes de frontières, c’est une machination du colonialisme pour laisser le continent rongé par les conflits», a-t-il affirmé. Une position renforcée par les déclarations du président congolais, Denis Sassou-Nguesso et du premier ministre de l’Ethiopie, Haile Mariam Dessaleg.

Mais c’est le mot de la fin, prononcé par son Excellence, Alpha Condé, président de la Guinée. S’adressant directement au président Zuma, le nouveau président de l’Organisation Africaine a déclaré « Monsieur le président vous êtes un démocrate, votre pays un exemple de démocratie en Afrique et c’est la majorité qui vous a élu président. Pourquoi alors niez-vous à notre union, aujourd’hui, son droit à ce même exercice démocratique ? Je pense que la démocratie a aussi des vertus, c’est pourquoi il faut respecter l’avis des 39 pays qui ont adressé leur accord par écrit à la présidence et que nous tenons entre nos mains. À partir de là, je ne pense pas que nous ayons besoin du votre puisque la majorité absolue est requise par écrit. Sur ce, je déclare, par consensus, le Maroc 55e état de l’Union africaine».

Le Maroc n’a donc pas eu besoin d’un vote pour rejoindre sa famille institutionnelle. Les 39 lettres de soutien envoyées par les amis du Royaume au 28ème sommet de l’Union ont été suffisantes pour reconnaitre le droit de ce pays à rejoindre l’institution qu’il a quitté en 1984. Emu par ce retour, le roi du Maroc a d’ailleurs adressé un discours historique à la salle, affirmant qu’il n’est pas venu chercher le leadership en Afrique mais qu’il est bien déterminé à aider son continent à prendre le leadership.