Des groupes armés signataires d’un important accord de paix au Mali ont haussé le ton au cours des derniers jours contre la junte désormais au pouvoir, et l’ont pressée de clarifier ses intentions.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une alliance de groupes touareg et nationalistes arabes du Nord entrés en rébellion contre le pouvoir central après le début des insurrections indépendantistes en 2012, dénonce la « mauvaise foi » des autorités et la posture publique « belliqueuse » de certains membres du pouvoir. 

 

Le CMA souligne, dans un communiqué, que l’accord de paix dit d’Alger signé en 2015 sous l’égide du voisin algérien, est le « seul lien entre le gouvernement et les Mouvements de l’Azawad ». Elle dit rester « attentive » à l’aspiration à « faire valoir (le) droit à l’autodétermination ».

L’accord d’Alger prévoit l’intégration d’ex-rebelles dans les forces de défense maliennes ainsi qu’une plus grande autonomie des régions. Il est considéré comme crucial pour une stabilisation du pays, pris dans la tourmente depuis 2012. Mais son application demeure embryonnaire.

La CMA « regrette l’absence totale de progrès dans la mise en œuvre de l’accord » sous les autorités actuelles, issues de deux putsch en août 2020 et mai 2021.

Les mouvements du Nord s’interrogent sur les intentions d’autorités dont la charte, sorte d’acte fondamental, fixe parmi les missions une « mise en œuvre intelligente » de l’accord d’Alger.

Le Premier ministre installé par les militaires, Choguel Kokalla Maïga, a par le passé demandé que soient rediscutées certaines dispositions de l’accord. 

La CMA dénonce des prises de position de « membres de la haute sphère étatique (…) qui sont de nature à entretenir une confusion autour de (la) mise en œuvre » de l’accord. Elle « invite le gouvernement à clarifier instamment et de façon officielle sa position définitive ». 

La CMA va jusqu’à évoquer la question de la légitimité des autorités en disant que la période dite de transition, ouverte après la prise du pouvoir par les militaires, venait « d’épuiser sa période d’existence légale ». C’est une référence au fait que les militaires ont révoqué leur engagement initial à organiser le 27 février dernier des élections qui auraient ramené les civils au pouvoir.