Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a constitué lundi un cabinet restreint chargé de négocier la formation d’un gouvernement d’Union nationale, conformément aux recommandations d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO.
Le chef de l’Etat malien a constitué, autour du Premier ministre Boubou Cissé, une « équipe ministérielle restreinte dont la mission est de négocier la formation d’un gouvernement d’Union nationale à même de contribuer à l’apaisement de la situation ».
Plusieurs « poids lourds » de la précédente équipe, qui avaient démissionné après les législatives de mars-avril, conservent leurs postes : Tiébilé Dramé,à la tête de la Diplomatie, le général Ibrahima Dahirou Dembélé, à la Défense, ou encore Boubacar Alpha Bah à l’Administration territoriale. L’avocat et homme politique Kassoum Tapo, devient ministre de la Justice et le général de Division, M’Bemba Moussa Keïta, ministre de la Sécurité.
Le Pouvoir a fait un geste en direction de l’opposition, en confiant le ministère de l’Economie et des Finances à un ex-banquier, Abdoulaye Daffé, considéré comme étant proche du Chérif de Nioro, la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko.
Les chefs d’Etat régionaux, qui craignent une déstabilisation du Mali, l’épicentre de la menace terroriste au Sahel, ont en fait avalisé les efforts des médiateurs de la CEDEAO, selon son président en exercice, le Nigérien Mahamadou Issoufou.
Au climat d’exaspération nourri par des années d’instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, le marasme économique ou une corruption jugée endémique, est venue s’ajouter l’invalidation par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des dernières législatives, considérée comme l’élément déclencheur de la crise actuelle.
A la majorité soutenant le président Keïta, les dirigeants ouest-africains demandent de mettre « tout en œuvre » pour obtenir la « démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement », Moussa Timbiné. Ces démissions ouvriraient la voie à des législatives partielles.
Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le Pouvoir avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait entre onze et 23 morts.
Le mouvement de contestation M5-RFP, coalition hétéroclite de religieux, d’opposants politiques et de membres de la société civile, avait annoncé le 21 juillet une « trêve », jusqu’après la grande fête musulmane de l’Aid al-Adha prévue le 31 juillet.