Le chef de l’opposition malienne Soumaïla Cissé a été enlevé alors qu’il faisait campagne pour les législatives de dimanche, rapt sans précédent d’une personnalité nationale de cette envergure dans le pays.
Soumaïla Cissé, 70 ans, deuxième à trois reprises de l’élection présidentielle, se déplaçait mercredi avec une délégation d’une douzaine de personnes à bord de deux 4X4 dans son fief électoral de Niafounké, dans la région de Tombouctou, quand le convoi a été attaqué par des hommes armés et jusqu’à présent non identifiés, a dit jeudi le parti qu’il préside, cité par l’AFP.
Son garde du corps a été tué, deux autres membres de son entourage ont été blessés, a relaté devant la presse à Bamako Demba Traoré, un responsable de l’Union pour la république et la démocratie (URD).
A quelques centaines de mètres de la destination du convoi, « des gens à motos nous ont tiré dessus », a raconté un des rescapés cité par l’AFP. Les inconnus ont emmené leurs prisonniers dans leur camp, puis les ont scindés en deux. « Nous cinq, ils nous ont demandé de partir. Le garde du corps de Soumaïla était déjà mourant. Soumaïla d’après ce qu’on a appris aujourd’hui est toujours en vie », a-t-il dit.
Les cinq, dont les blessés, sont arrivés jeudi matin à Niafounké. Les autres, dont M. Cissé, sont « à cette heure-ci entre les mains des assaillants », selon Demba Traoré, de l’URD. « On ignore qui ils sont précisément. Ce sont des hommes armés, pour nous encore non-identifiés, il faut être clair », a dit Demba Traoré.
Dans un communiqué confirmant l’enlèvement, le gouvernement malien ne dit rien de ses auteurs possibles, mais assure que « toutes les dispositions pratiques sont prises pour retrouver les personnalités disparues et les ramener à leurs familles ».
La Mission des Nations unies au Mali a indiqué participer aux recherches avec un hélicoptère et se tenir « à disposition pour toute assistance supplémentaire » que demanderaient les autorités maliennes.
Le Mali a connu nombre d’enlèvements depuis le début de la grave crise sécuritaire qu’il traverse depuis 2012, qu’il s’agisse de Maliens ou d’étrangers dont on reste sans nouvelles. Selon les cas, les rapts ont des motivations différentes.
Avec Soumaïla Cissé, c’est la première fois qu’un enlèvement touche une figure d’une telle stature. Il a été secrétaire général de la présidence, plusieurs fois ministre et candidat malheureux au second tour de la présidentielle en 2018 encore. Il a exercé de hautes responsabilités à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).