La situation est toujours confuse au Mali, après l’annonce du remaniement ministériel, lundi. Le Premier ministre Moctar Ouane et le Président, Bah Ndaw sont toujours maintenusdans le camp militaire de Kati où ils ont été conduits par des militaires, hier soir. La Cédéao, l’UA ou encore l’ONU n’ont pas tardé à réagir pour condamner le coup de force des militaires et exiger la libération des autorités civiles arrêtées.

 

Peu après l’annonce du remaniement ministériel, lundi, des hommes armés se sont rendus au domicile du Premier ministre, Moctar Ouane, pour l’arrêter. « Des militaires sont actuellement chez moi. Ils sont en train de me conduire chez le Président de la transition [Bah N’Daw ndlr] », avait, toutefois, eu le temps de déclarer au téléphone, le chef du gouvernement à RFI.

Le Président Bah N’Daw, le nouveau ministre de la Défense,le général Souleymane Doucouré et d’autres autorités, ont été tous conduits par les armes au camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale, le fief de l’ex-junte, là où l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta avait été détenu, après le dernier coup d’Etat.

La ville de Bamako est calme pour l’heure, mais la situation reste encore confuse ce mardi matin, les militaires n’ayant toujours pas fait de déclaration pour expliquer leurs actes. Même si, selon le média français, c’est le colonel Sadio Camara, qui venait tout juste de perdre son fauteuil à la Défense, et le colonel Assimi Goïta, vice-président de transition et leader de la junte, pourtant officiellement dissoute, qui seraient à l’origine du coup de force.

Indignation générale et condamnation sans réserve

Des figures politiques au Mali comme l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, les anciens ministres Mamadou Ismaila Konaté et Housseini Amion Guindo, ont tous marqué leur indignation et condamné l’acte des militaires.

Dans un communiqué commun de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), la Cédéao, l’Union africaine, la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne ont tous condamné la « tentative de coup de force » de l’armée.

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé dans un tweet « au calme », mais demande la « libération inconditionnelle » de ces dirigeants civils. « Je suis profondément préoccupé par les informations sur l’arrestation des dirigeants civils chargés de la transition au Mali », écrit-il, en effet, dans son message.

La communauté internationale réitère son soutien à la Transition qui doit maintenir comme priorité l’organisation d’élections libres dans le délai imparti.

De son côté, le comité local de suivi de la transition composé de tous les représentants de la Communauté internationale au Mali exige « la libération immédiate et inconditionnelle » des autorités de transition arrêtées, précisant que les auteurs de l’arrestation du Premier ministre et du Président de la transition « seront personnellement rendus responsables de leur sécurité ».

En visite dans le centre du pays, lundi, le chef de la Minusma, El Ghassim Wane, est rentré en urgence à Bamako, hier soir. Pour sa part, le Médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, l’ex-président nigérian, Goodluck Jonathan est attendu à Bamako ce mardi pour tenter un dénouement de la crise.