La junte malienne a décidé d’organiser un référendum pour l’approbation ou non du nouveau projet de Constitution  ,le 18 juin prochain.

Les citoyens résident au Mali et ceux de la Diaspora sont  appelés à voter.

Ainsi ,les putschistes maliens vont respecter l’engagement pris auprès de la CEDEAO ,pour la mise en place des conditions nécessaires qui permettront le retour au pouvoir des civils, après des élections présidentielles prévues au mois de mars 2024.

Leur choix préalable de reporter ce référendum sine die, avait suscité  des inquiétudes légitimes quant à leur volonté de se conformer aux accords signés avec la CEDEAO.

Si le référendum constitutionnel est tenu et s’il se passe dans la transparence et la démocratie, alors l’espoir serait permis.

Pour que cette nouvelle page sombre d’un règne militaire lamentable, sur tous les plans (insécurité galopante, présence terroriste plus massive que jamais, degré zéro de la gouvernance politique ,liberté des citoyens confisquée etc.) soit refermée définitivement.

Le chemin sera encore long, même si les membres de la junte savent que la CEDEAO est en position de force ,face à des putschistes sans légitimité et qui ont été obligés de négocier, à la suite de sanctions économiques  dures qui avaient mis le pays à genoux.

Le Mali ,pauvre et enclavé, occupé, au moins de moitié ,par des terroristes/djihadistes ,n’a pas les moyens de résister à un bras de fer avec les autres chefs d’Etat ouest -africains, démocratiquement élus, qui sont déterminés à ne plus laisser s’installer des régimes putschistes dans la région.

Soit dit ,en passant ,la Guinée et le Burkina sont ,aussi, soumis à la même pression politique par la CEDEAO.

La nouvelle Constitution renforce les pouvoirs du Président qui nomme le Premier ministre et les ministres et a l’autorité de mettre fin à leurs fonctions.

Il a ,par ailleurs ,le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale.

C’est dire que le prochain président civil du Mali, aura une autorité réelle sur les Institutions et pourra agir ,avec efficacité ,comme chef de l’Exécutif.

Pourtant cela ne garantit pas la pérennité d’un régime démocratique ,comme le Mali l’a expérimenté  déjà, à plusieurs reprises.

Amadou Toumani Touré, putschiste, puis légaliste, élu démocratiquement, a fini par subir le même sort  que sa victime Moussa Traoré.

IBK a fini ,évincé par les putschistes actuels qui ont réussi l’exploit lamentable de faire deux coups d’Etat successifs ,pour imposer leur dictature.

Le seul vote d’une loi fondamentale  et, même l’organisation d’élections présidentielles ,ne suffiront pas.

Il faut s’assurer du comportement futur des ex-putschistes et du nouveau rôle qui serait le  leur dans le pays.

ATT avait réussi l’opération : « retour des civils » et a, ainsi  permis à Alpha Oumar Konaré de se faire élire et réélire ,et de rester pendant 10 ans au pouvoir (1992/2002),soit deux mandats.

Depuis ,le Mali est retombé dans l’instabilité politique, le djihadisme et les coups d’Etat militaires.

C’est ce cycle de dictature et de violence que le Mali veut conjuguer au passé, grâce à l’aide de la CEDEAO.

La nouvelle Constitution paraît classique ,dans l’espace politique francophone ,avec ,en miroir  ,celle de la Vème République française qui donne beaucoup de pouvoirs au Président.

Cela permet un fonctionnement efficace de l’Etat ,dans le respect de la Démocratie.

Mais cela peut aussi favoriser des dérives.

Les maliens ont de l’expérience à revendre dans ce domaine et savent qu’une Constitution doit être protégée  et modifiée,  si nécessaire.

Le 18 juin, il appartiendra aux citoyens maliens, après des débats féconds, de faire leur choix et d’agir en conséquence.

Pour que le pouvoir kaki, liberticide et inefficace ,plie bagage ,l’année prochaine.