Les 15 chefs d’Etat membres de la CEDEAO, réunis en visioconférence ce jour, ont exigé la démission des 31 députés mal élus (repêchés par la cour constitutionnelle), l’organisation d’élections législatives partielles pour les remplacer démocratiquement et la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale avec la participation des opposants. Ils préconisent aussi la recomposition de la Cour constitutionnelle, avec la désignation des trois membres choisis par le Parlement avant l’organisation des législatives partielles.

Les ministres régaliens pourraient être sélectionnés avant la formation du gouvernement d’union nationale. Afin que leurs décisions fortes soient mises en œuvre, sans tarder-avant vendredi-les chefs d’Etat de la CEDEAO brandissent la menace de sanctions envers ceux qui s’y opposeraient.

Il faut se féliciter de la rigueur et de la fermeté des décisions issues du sommet extraordinaire qui vient de se tenir et qui a été marqué du sceau du courage politique et de la volonté de rendre justice au choix démocratique des citoyens maliens.

Le truquage électoral qui a permis l’inversion des résultats des législatives pour donner une majorité au pouvoir a été rejeté et sanctionné publiquement. C’est un camouflet cinglant pour le président malien dont les manœuvres lamentables ont été mises en exergue et jetées dans la poubelle de l’histoire.

Désaveu ne pouvait être plus grand pour un chef d’Etat de la part de ses pairs qui vont dorénavant le regarder de travers. C’est une victoire éclatante pour les opposants et tous les démocrates maliens et africains. IBK était allé trop loin pour oser faire élire à la tête du parlement un « non élu », Moussa Timbiné, qui va devoir quitter l’Hémicycle, la tête basse.

En vérité c’est un scénario minable concocté par Karim Keita qui vole en éclats et qui décrédibilise son père qui va rester un président au leadership moral traîné dans la boue. C’est pire qu’une démission ou un coup d’état ! C’est une humiliation au long cours.

Il faut donc que les opposants savourent l’attitude de la CEDEAO et acceptent les décisions des chefs d’Etat qui sont allés aussi loin qu’ils pouvaient pour sauver la démocratie malienne, en évitant un clash perpétuel gros de violence dans un pays déjà déstabilisé par le terrorisme.

IL EST HORS DE QUESTION de mettre totalement à nu IBK, président élu et d’installer la chienlit dans le pays. L’éthique de responsabilité a prévalu et c’est mieux ainsi. Le souci d’équité et de justice est perceptible par tout un chacun et cela devrait rassurer les opposants.

La CEDEAO a refusé d’avaliser la forfaiture électorale et les mic-macs juridiques d’une Cour constitutionnelle qui s’est abîmée dans l’océan de ses propres turpitudes.

La CEDEAO, en fait met des rustines pour colmater les brèches et permettre la mise en place d’une période transitoire de « réconciliation nationale » pour préparer la fin du mandat IBK de manière légale.

Toutefois, dans une telle perspective le maintien du premier ministre Boubou Cissé serait problématique car cet homme est impliqué dans toutes les dérives qui ont abouti à cette situation catastrophique. Le choix du prochain premier ministre doit être consensuel.

IBK essaie d’imposer Cissé, mais la CEDEAO n’impose rien dans ce sens. Aux opposants de faire des propositions et de prendre l’initiative. La CEDEAO a indiqué les limites du jeu et les règles fondamentales. Le reste laisse place à la négociation féconde.