Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres

La junte malienne a dénoncé le rapport de l’ONU accusant l’armée et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté au moins 500 personnes lors d’une opération antidjihadiste à Moura en mars 2022.

Un « rapport biaisé, reposant sur un récit fictif », c’est en ces termes forts que la junte malienne actuellement au pouvoir s’est exprimé pour dénoncer un rapport de l’ONU qui accuse l’armée et des combattants « étrangers » du massacre de Moura.

Selon le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, la justice malienne a ouvert une enquête à la suite des événements de Moura. « Aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie pendant l’opération militaire », a-t-il affirmé dans un communiqué lu à la télévision d’Etat. « Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes », a-t-il ajouté.

Tels que documentés dans le rapport publié vendredi du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, les évènements de Moura (centre), objets de versions contradictoires depuis un an, sont les pires du genre dans un pays pourtant familier des atrocités des djihadistes et d’autres groupes armés depuis 2012. Le rapport constitue le document le plus accusateur produit contre les forces maliennes mises en cause à de multiples reprises par le passé.

Le Haut-Commissariat « a des motifs raisonnables de croire » qu’au moins 500 personnes, dont une vingtaine de femmes et sept enfants, auraient été « exécutées par les Forces armées maliennes et les personnels militaires étrangers » entre le 27 et le 31 mars 2022 dans cette localité de quelques milliers d’habitants, dit le texte.

Ce rapport est basé sur une enquête de la Division des droits de l’Homme de la Mission de Casques bleus déployée au Mali depuis 2013 (Minusma) ; 157 entretiens individuels et 11 entretiens de groupes.

Dans sa réponse, le gouvernement malien a dit avoir appris « avec stupeur » que la mission d’établissement des faits avait utilisé des satellites au-dessus de Moura pour obtenir des images « sans autorisation et à l’insu des autorités maliennes ». Il a déclaré « ouvrir immédiatement une enquête » pour « espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » ainsi que « complot militaire ».

 

Moura est réputé être un fief de la Katiba Macina affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lui-même affilié à l’organisation terroriste « Al-Qaïda ». Une trentaine de membres de la Katiba Macina se seraient mêlés aux forains et civils.

Un hélicoptère et des hommes au sol auraient ouvert le feu “de manière indiscriminée” vers le marché, des djihadistes auraient riposté. Une trentaine de personnes dont une douzaine de djihadistes auraient été tués. L’armée malienne aurait pris le contrôle des lieux et interpellé environ 3.000 personnes. Elle aurait continué à ratisser la localité les jours suivants.