La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a quitté lundi son camp d’Aguelhoc (Nord), dans le cadre de son retrait d’ici la fin de l’année de ce pays en proie aux attaques de groupes djihadistes et séparatistes, a appris l’AFP auprès de sources onusienne et d’élus locaux.

La Minusma procède à ce désengagement alors que la région de Kidal, dont fait partie Aguelhoc, est le théâtre d’une escalade militaire pour le contrôle du territoire.

Dimanche, la Minusma a annoncé avoir “accéléré” son départ la veille du camp de Tessalit dans un contexte sécuritaire “extrêmement tendu et dégradé” qui a mis selon elle “en danger la vie de son personnel”. “Nous avons définitivement quitté ce lundi notre camp d’Aguelhok”, a assuré à l’AFP un Casque bleu tchadien. L’information a été confirmée par un responsable à Bamako et deux élus locaux.

Il n’y a pas encore eu de cérémonie de passation avec les autorités dans ce camp isolé situé dans cette zone sous tensions. Le camp était vide et inoccupé lundi en début d’après-midi, ont affirmé à l’AFP deux élus locaux. Le retrait du camp d’Aguelhoc est le second dans la région de Kidal et le septième dans le pays. L’évacuation prochaine du camp de Kidal, ville-bastion des séparatistes, s’annonce périlleuse.

Les colonels arrivés au pouvoir au Mali par la force en 2020 ont réclamé en juin, après des mois de dégradation des relations, le départ de la Minusma déployée depuis 2013 dans ce pays en proie au djihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle. Le retrait des quelque 11.600 soldats et 1.500 policiers qui étaient présents au Mali doit s’échelonner jusqu’au 31 décembre. Il a exacerbé les rivalités pour le contrôle du Nord du pays.

Les groupes séparatistes s’opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, ce qui va à l’encontre selon eux des accords passés en 2014 et 2015 quand, après s’être soulevés en 2012, ils avaient accepté de cesser le feu et de faire la paix. Ces groupes à dominante touareg ont repris les hostilités contre l’Etat central, et accusent régulièrement les forces armées maliennes et ses alliés du groupe paramilitaire russe Wagner de commettre des exactions contre les populations civiles.

Dans un communiqué publié lundi, ils ont affirmé que huit personnes avaient été tuées dans le village de Lougui, dans le centre du Mali, et quatre autres personnes exécutées à Tinfadimata, dans la région de Ménaka (Nord-est). Ils dénoncent aussi la mort de trois civils près de la ville de Ber (Nord) dont le camp de la Minusma a été remis récemment aux autorités maliennes. Cependant, les affirmations de tous les protagonistes sont difficilement vérifiables dans ces zones reculées.