L’imam Mahmoud Dicko, 

L’imam Mahmoud Dicko, grande figure malienne, s’en est pris hier jeudi, à « l’arrogance » des militaires qui dirigent le pays, en même temps qu’à l’orgueil de la communauté internationale.

L’imam, qui s’exprimait lors d’un forum de discussions en cours jusqu’à samedi à Bamako, prenait la parole alors que la junte fait front face aux pressions d’une partie de la communauté internationale pour rendre les commandes du pays en crise à des civils élus, après avoir révoqué son engagement initial à le faire en février 2022. 

Le peuple malien est « pris en otage » entre les deux et est en train de « mourir à petits feux » sous l’effet de la propagation terroriste et des pénuries provoquées notamment par les sanctions internationales, a dit l’imam Dicko.

« C’est pour cela que j’ai parlé de l’arrogance de nos dirigeants. Je le dirai ici, je peux sortir, ils vont m’interpeller, mais je le dirai : leur arrogance et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça », a-t-il martelé. 

« C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) (et) des gens qui ont des principes », a-t-il dit.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a infligé en janvier de vigoureuses mesures de rétorsion au Mali pour sanctionner le dessein qu’avait alors la junte de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. La junte a ramené ses prétentions à 24 mois pour le moment. Des tractations sont toujours en cours et les dirigeants de la Cédéao doivent tenir un sommet sur le Mali et d’autres sujets le 4 juin à Accra.

Mahmoud Dicko ne s’était pas signalé publiquement par de tels propos depuis un certain temps. Il avait été la figure tutélaire de la contestation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, jusqu’à ce que ce dernier soit renversé le 18 août 2020 par les militaires toujours au pouvoir aujourd’hui.