La CEDEAO n’a pas encore levé les sanctions contre le Mali et pourrait attendre encore un moment avant de le faire. Parce que la junte n’a pas suivi toutes les recommandations et exigences de l’organisation sous-régionale.
D’abord la charte de la transition, dans sa version intégrale, n’est pas encore rendue publique. C’est un impératif car cela permettrait de voir quelles sont les prérogatives que s’octroie la junte dans cette période cruciale.
L’idée exprimée pendant la prestation de serment du président Bah Ndaw et du vice-président Assimi Goita qui permettrait à ce dernier de remplacer le premier» en cas de force majeure »n’est pas acceptable pour la CEDEAO. Pour elle la transition doit être dirigée exclusivement par des civils.
Ensuite, il y a le sort des personnalités civiles et militaires détenues depuis le 18 août, sans procès, qui pose problème. Le premier ministre Boubou Cissé, notamment est entre les mains des militaires et ce n’est pas acceptable.
La CEDEAO va demander que ces prisonniers soient libérés ou remis aux autorités judiciaires compétentes. En clair, c’est la mainmise de la junte qui doit cesser et le conseil national pour le salut du peuple(CNSP) dissout.
Si ces conditions ne sont pas remplies, le coup d’état serait toujours avalisé et c’est ce que refusent les leaders de la CEDEAO. Les membres de la junte essaient de ruser mais cela ne passera pas.
Ils ont déjà fait des pas importants avec la nomination du président et du premier ministre, mais il reste à couper définitivement le cordon ombilical avec la gestion du pouvoir de transition.
Le président et le premier ministre doivent avoir les coudées franches pour travailler au service exclusif du peuple malien, reconstruire les fondations institutionnelles de l’Etat , relancer l’économie, améliorer la situation sécuritaire et organiser des élections libres, démocratiques et transparentes dans 18 mois.
Bah Ndaw et Moctar Ouane ont la crédibilité nécessaire et des compétences avérées doublées d’une expérience remarquable pour remplir cette mission.
La junte a intérêt à leur lâcher la bride et à se recentrer sur la défense de la sécurité nationale.