Les groupes armés du Nord du Mali ont exprimé leur opposition au projet de nouvelle Constitution de la junte et mis en garde contre la fragilité de l’accord de paix signé en 2015 avec Bamako sous l’égide d’Alger.
Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, les groupes signataires de cet accord d’Alger ont affirmé « ne pas se reconnaitre » dans le projet validé par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et ont déploré l’absence de dispositions permettant le respect des engagements qui avaient alors été pris par le pouvoir malien.
Le projet de nouvelle Constitution constitue un élément clé du vaste chantier invoqué par la junte pour se maintenir jusqu’en 2024 à la tête de ce pays. Un référendum devait se tenir le 19 mars mais a été reporté à une date non précisée.
L’actuelle Constitution, datant de 1992, passe pour un facteur de la crise politique que traverse le pays depuis des années et qui amplifie la grave crise sécuritaire en cours. L’alliance des groupes indépendantistes et autonomistes dans le Nord a annoncé en décembre, suspendre sa participation à l’application de l’accord d’Alger, arguant de « l’absence persistante de volonté politique » de la junte de l’appliquer. Elle s’était retirée fin janvier de la commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution.
Une médiation internationale, avec l’Algérie dans un rôle prééminent, s’emploie depuis des semaines à rapprocher les parties. « Tout en espérant qu’il existe encore une opportunité » de consensus autour d’un texte constitutionnel, les groupes armés mettent en garde dans le communiqué « contre le niveau élevé de fragilité du processus de paix et (contre les) conséquences d’un forcing constitutionnel ».
Cet accord de paix, de plus en plus jugé caduc publiquement par certains Maliens, passe pour être une composante essentielle d’un rétablissement de cet immense pays déstabilisé depuis le déclenchement, en 2012, d’insurrections indépendantiste et djihadiste dans le Nord.