Les ex-rebelles du Nord du Mali se sont dits lundi « en temps de guerre » avec la junte au pouvoir à Bamako, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance de groupes à dominante touareg qui a combattu l’Etat central avant de signer un accord de paix avec lui en 2015. La CMA appelle, dans son communiqué relayé par l’AFP, « tous les habitants de l’Azawad à se rendre sur le terrain pour contribuer à l’effort de guerre dans le but de défendre et protéger la patrie, et ainsi de reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien ».
Les tensions n’ont cessé de croître depuis des mois entre la CMA et la junte, faisant redouter la fin de l’accord de paix dit d’Alger et la reprise des hostilités engagées en 2012.
Dans son communiqué qui se veut le premier communiqué de « l’Armée nationale azawadienne », la CMA se garde de parler de déclaration de guerre, mais évoque une « riposte en légitime défense » à ce qu’elle appelle « l’agression » de l’armée malienne et du groupe paramilitaire russe Wagner. Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 au Mali sont très largement considérés s’être assuré les services de Wagner, malgré leurs démentis.
La CMA accuse l’armée d’avoir bombardé ses positions mais aussi des civils, et les soldats maliens et les mercenaires de Wagner de s’être livrés à des exactions contre les populations. Elle les accuse de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». Elle appelle les civils à rester à distance des positions des « terroristes » de l’armée malienne et de Wagner.
Cette escalade coïncide avec une reconfiguration sécuritaire dans le Nord après le départ de la force antijihadiste française en 2022 et celui, en cours, de la mission de l’ONU (Minusma), toutes deux poussées vers la sortie par la junte. La CMA n’entend pas que la Minusma rétrocède ses camps aux autorités maliennes, comme elle l’a fait en août à Ber, près de Tombouctou. Elle estime qu’en vertu des arrangements de 2014 et 2015, ces zones devraient revenir sous son contrôle.
La junte a fait du rétablissement de la souveraineté un de ses mantras, un objectif qui se heurte aux différents groupes armés, qui contrôlent de vastes étendues de territoire. La CMA a affirmé samedi soir avoir abattu un avion de l’armée après un bombardement sur ses positions dans la région de Gao. Il s’agirait d’un acte inédit depuis des années. L’état-major a assuré pour sa part que l’appareil s’était écrasé à cause de problèmes techniques, mais que son équipage avait réussi à s’éjecter.