Le référendum constitutionnel du 18 juin dernier s’est-il vraiment tenu dans la région de Kidal ? En effet, à la suite des observateurs électoraux, des mouvements politiques et de la société civile, les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015, affirment qu’il n’y a pas eu vote dans la région.

Dans un communiqué diffusé dans la nuit du 21 au 22 juin, les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015, regroupés au sein du Cadre stratégique permanent (CSP), affirment qu’il n’y a pas eu vote dans la région de Kidal le 18 juin, lors du référendum constitutionnel, démentant, ainsi, l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige).

« Dans les zones qu’il (le CSP, Ndlr) contrôle, particulièrement la région de Kidal et la quasi-totalité des localités des régions (du Nord) », « aucun vote ne s’est déroulé », indique, en effet, la note.

Selon les groupes armés, ni les militaires qui ont voté le 11 juin, ni le reste de la population qui a suivi, le 18 juin, n’ont participé au referendum constitutionnel dans la région.

Rappelant leur opposition au texte qui ne prend pas suffisamment en compte l’accord de paix selon eux, les groupes armés signataires affirment avoir empêché le vote, soulignant au passage l’impossibilité de trouver une entente avec la junte militaire avant le vote.

Toujours selon eux, le vote n’a pu se dérouler que dans des « chefs-lieux des régions et des cercles » de Gao et Tombouctou, et Ménaka ville. Ils assurent d’ailleurs que les urnes y «ont été bourrées sans retenue ».

Le 19 juin, lors d’une conférence de presse, l’Aige avait déclaré que le scrutin avait bien eu lieu dans la région de Kidal, mais n’a donné aucune explication sur ce vote que contestent les observateurs électoraux et des partis d’opposition.

Cette polémique sur le vote à Kidal a son importance, car selon les articles 26 et 118 de l’actuelle Constitution, un referendum constitutionnel n’est valide que s’il est tenu sur l’ensemble du territoire. C’est donc la crédibilité et la légalité du scrutin qui sont en jeu.

Par ailleurs, les groupes armés ont exprimé leur inquiétude à propos du départ de la Minusma exigé par la junte malienne. Ce retrait serait, selon eux, « un coup fatal porté délibérément contre l’Accord ».

Mercredi, l’Aige a annoncé un taux de participation de 38% à ce référendum. Un pourcentage qui ne prenait pas en compte le vote des militaires, mais l’Autorité indépendante de gestion des élections, avait précisé que plus de 24 000 des 24 416 bureaux de vote avaient déjà été traités.