Le Premier ministre civil du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a appelé les chefs militaires du pays à discuter de la fin de la période dite de “transition”, dans une rare critique de la junte au pouvoir.

Choguel Maïga a critiqué les militaires au pouvoir et notamment le report des élections, présenté comme une décision dangereuse et unilatérale. Les militaires au pouvoir n’ont pas réagi, mais les organisations qui les soutiennent exigent son départ de la primature.

En s’indignant publiquement d’être méprisé par les militaires putschistes qui l’avaient eux-mêmes nommé, et en critiquant tout particulièrement le report sine die des élections – qu’il affirme avoir découvert dans les médias, mais qu’il avait défendu à l’époque – le Premier ministre de la Transition Choguel Maïga « n’a rien appris à personne », commente RFI. La réalité de l’exercice du pouvoir et la situation du pays étaient déjà connues de tous.

Pour les observateurs, Choguel Maïga ne démissionnera jamais de lui-même et il cherche à se faire limoger pour se poser en victime et en défenseur des idéaux de la Transition. Un objectif qui relève de la survie politique pour le Premier ministre de Transition, qui tente ainsi de conserver du crédit et de se ménager une porte de sortie.

Si les militaires au pouvoir n’ont pas commenté la diatribe de Choguel Maïga, les organisations qui les soutiennent, et qui leurs servent régulièrement de porte-flingue, donnent le ton : le CDM (Collectif pour la défense des militaires) estime que Choguel Maïga est désormais dans une « logique de déstabilisation » et l’accuse même de « haute trahison ».

L’Arema (Alliance pour la refondation du Mali) demande sa « révocation » pour « faute grave et atteinte au crédit de l’État ». D’autres organisations pro-junte leur ont emboîté le pas (Association des femmes du camp de Kati, FPR-Maliko, CSIA, UPM, MRC…). Des rassemblements et des conférences de presse ont même été organisés ce mardi pour accentuer la pression.