Les militaires qui ont renversé IBK savent bien jusqu’où s’aventurer avec les injonctions de la CEDEAO. Les chefs d’Etat de la CEDEAO leur avait intimé l’ordre de dissoudre le CNSP(comité national de salut public) et ils se sont exécutés, sans tarder. Le colonel Bah Ndaw qu’ils ont choisi comme président de la transition a signé un décret, daté du 18 janvier portant dissolution du CNSP, dont l’existence devenait absurde, à côté des institutions officielles de la transition.
Il est heureux, cette fois, que la fermeté des chefs d’Etat de la CEDEAO ait payé et rapidement. Les militaires putschistes ont conscience du rapport de forces qui leur est défavorable et des immenses possibilités de manipulation qu’ils ont au sein des organes de la transition où ils se sont octroyés la part du lion. Avec les postes de président confié à un colonel à la retraite, épaulé par le chef de la junte, Assimi Goita qui est vice-président. Malick Diaw, autre figure de proue de la junte occupe le perchoir du CNT(conseil national de la transition qui tient lieu de Parlement), sans oublier les autres militaires qui sont aux commandes des différents ministères régaliens.
Toutefois, la dégradation de la situation sécuritaire, avec des attaques de plus en plus nombreuses de terroristes, la volonté affichée de la France de diminuer le nombre de ses soldats de la force « Barkhane », et l’effervescence politique attisée par de nombreux activistes, le pouvoir en place à Bamako est très fragile. D’ailleurs les militaires sont intervenus pour empêcher une manifestation anti-française. Ils ont bien fait car la France apporte un soutien fondamental, dans l’état actuel des choses.
La transition n’est pas cependant sur un chemin sécurisé. Rien n’est garanti pour les 14 prochains mois, temps restant pour organiser des élections générales crédibles, démocratiques et transparentes. Mais il est satisfaisant de constater que les militaires n’ont pas les moyens de s’incruster au pouvoir.