L’armée malienne a commis des « crimes de guerre » et plusieurs groupes armés des « crimes contre l’humanité », selon la Commission internationale sur le Mali établie par l’ONU dans un rapport transmis aux membres du Conseil de sécurité.

Sans être la seule, l’armée malienne figure au premier rang des accusés de cette commission, qui estime avoir recueilli « des motifs raisonnables de croire » qu’elle a « commis des crimes de guerre », selon ce rapport de près de 350 pages, relayé par l’AFP. Le document prône la création d’une Cour spécialisée dans les crimes internationaux.

Etablie en janvier 2018, sur la base de l’accord de paix de 2015, cette commission, composée de la Suédoise Lena Sundh, du Camerounais Simon Munzu et du Mauricien Vinod Boolell, a enquêté sur la période 2012-2018.

Elle a remis en juin son rapport au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui l’a transmis la semaine dernière aux 15 membres du Conseil de sécurité, selon l’AFP. Le rapport détaille chronologiquement quelque 140 cas où des crimes ont été commis, emblématiques d’exactions qui ont fait au total des milliers de victimes (morts, blessés, torturés, déplacés…).

Vers de futurs procès ?

En 2012, les militaires maliens s’étaient emparés du pouvoir par un coup d’Etat censé enrayer la déroute de l’armée face aux rebelles indépendantistes et terroristes dans le Nord, mais qui l’a en fait précipitée, plongeant le pays dans une crise qui se poursuit.

En 2012-2013, les forces de sécurité et de défense se sont rendues coupables d’« assassinats » visant « particulièrement les membres des communautés touareg et arabe », les associant aux rebelles indépendantistes et aux groupes terroristes.

Plusieurs signataires de l’accord de paix, dont les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des groupes armés pro-gouvernementaux (Gatia et MAA-Plateforme), sont également responsables de “crimes de guerre”, selon la Commission.

Elle a en outre accusé de “crimes contre l’humanité” d’autres acteurs du conflit, notamment des groupes armés terroristes dont l’influence et la violence ne cessent de s’étendre dans la sous-région, mais aussi de la milice Dan Nan Ambassagou, qui s’est érigée en défenseure des Dogons.

Les membres de cette milice ont commis des « crimes contre l’humanité et des crimes de guerre » lors d’attaques en juin 2017 de hameaux peuls proches de Koro (centre) au cours desquelles « au moins 39 civils, dont des enfants » ont été tués, selon la Commission. A la différence d’autres rapports, les conclusions de cette commission peuvent constituer une base légale pour de futurs procès.