Pour la première fois, et publiquement les mutins ont avoué qu’ils voulaient que la transition soit dirigée par un militaire. C’est à dire par eux-mêmes ! C’était lors d’une conférence de presse qu’ils ont tenue hier à Bamako. Ils se proclament au service du peuple et leur porte-parole Wagué a révélé qu’ils se sont présentés en tant que tels à la réunion de la CEDEAO à Accra.
Il a fait remarquer que les dirigeants de la CEDEAO leur ont fait savoir que les positions qu’ils ont prises ne sont pas négociables, notamment en ce qui concerne l’impératif que le président de la transition soit un civil. Il a aussi reconnu que les sanctions, particulièrement celles concernant les transactions financières, vont faire très mal au Mali. Toutefois précise-t-il « toutes les options sont sur la table » et que les discussions se poursuivent.
Du reste, le médiateur de la CEDEAO Goodluck Jonathan est attendu la semaine prochaine dans la capitale malienne. Force est de constater ,en l’état actuel de la situation, un mois après le coup d’état que ,la junte continue d’essayer de gagner du temps et de manœuvrer pour garder le pouvoir. Mais elle est de plus en plus isolée car ses alliés du M5 ont clairement affirmé que la transition doit être dirigée par un civil et que c’était ce qui avait été décidé majoritairement lors des concertations nationales.
D’ailleurs les opposants sont en brouille avec les militaires qu’ils ont accusés d’avoir « tripatouillé » les résultats de la concertation. Il faut aussi s’inquiéter des effets dévastateurs des sanctions économiques et, financières qui vont impacter les populations déjà meurtries par une situation économique très difficile dans un contexte d’insécurité généralisée.
Les mutins ne semblent pas comprendre les vrais enjeux politiques du bourbier malien. Pourtant le sort des soldats maliens et étrangers qui continuent de tomber sur le front devrait leur dessiller les yeux. Et leur faire admettre qu’ils n’ont ni la compétence, ni la légitimité pour diriger le pays, même pendant une transition.
Pour le moment, ils engagent une épreuve de force « douce » parce qu’aucune goutte de sang n’est encore tombée. Mais ils ont intérêt à conclure rapidement avec la CEDEAO. Sinon ils pourraient bien subir le même sort que tous les autres militaires qui ont perpétré des coups d’état au Mali.