Le 13 mai 2025, le général Assimi Goïta a franchi une nouvelle étape dans la dérive autoritaire du Mali en signant un décret dissolvant l’ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique. Cette décision, annoncée à la télévision nationale par le ministre Mamani Nassire, fait suite à une réunion extraordinaire du conseil des ministres.
Une manœuvre pour consolider un pouvoir illégitime
Cette mesure s’inscrit dans une série d’actions visant à museler l’opposition et à prolonger indéfiniment la transition militaire. Depuis le coup d’État de 2020, la junte a systématiquement repoussé les échéances électorales, initialement prévues pour février 2022, et a renforcé son emprise sur le pouvoir en supprimant les contre-pouvoirs démocratiques.
La dissolution des partis politiques intervient après la suspension, en avril 2024, de toutes les activités politiques sur le territoire national, justifiée par des raisons d’ordre public. Cette suspension avait déjà été critiquée par de nombreuses organisations nationales et internationales, y voyant une tentative de la junte de museler l’opposition et de prolonger indéfiniment la transition militaire.
Répression accrue et violations des droits humains
La junte malienne a intensifié sa répression contre les voix dissidentes. Des arrestations arbitraires et des enlèvements de figures de l’opposition ont été signalés. Parmi les victimes figurent Alassane Abba, secrétaire général du parti Codem, et El Bachir Thiam du parti Yelema, enlevés par des hommes en uniforme militaire après avoir critiqué publiquement le régime. Leur sort demeure incertain.
Ces actions s’inscrivent dans une stratégie de la junte visant à éliminer toute opposition et à instaurer un régime autoritaire. La dissolution des partis politiques et la répression des voix dissidentes violent les droits fondamentaux garantis par la Constitution malienne et les traités internationaux ratifiés par le Mali, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Un pays en proie à l’insécurité et à la crise économique
Pendant que la junte concentre ses efforts sur la consolidation de son pouvoir, la situation sécuritaire du pays continue de se détériorer. Le centre et le nord du Mali restent en proie à des attaques terroristes, et la population souffre de coupures d’électricité fréquentes, de la montée du chômage et de la dégradation des services publics.
La junte a mis fin à la coopération militaire avec la France et la MINUSMA, et s’appuie désormais sur des mercenaires russes du groupe Wagner pour tenter de contenir l’insécurité. Cette alliance controversée n’a pas permis d’améliorer la situation sécuritaire, et les violations des droits humains se sont multipliées.
Perspectives sombres pour la démocratie malienne
La dissolution des partis politiques marque une étape supplémentaire dans la dérive autoritaire du Mali. La junte, en consolidant son pouvoir par la force et en réprimant toute opposition, compromet gravement les perspectives de retour à un ordre constitutionnel et démocratique.
La communauté internationale et les acteurs régionaux doivent intensifier la pression sur le régime de Goïta pour qu’il respecte les droits fondamentaux du peuple malien et qu’il organise des élections libres et transparentes dans les plus brefs délais.