Le colonel malien Assimi Goita, « président de la transition »

La junte au pouvoir à Bamako multiplie les provocations à l’égard de la communauté internationale, tout en se gardant de basculer dans l’affrontement direct.

Le fait de déclarer persona non grata M. Hamidou Boly, Représentant spécial de la CEDEAO est, assurément un acte de défiance  envers une structure sous- régionale qui joue un rôle de premier  plan  pour faire respecter les règles  démocratiques, en général.

Même si ,cette organisation pèche souvent par faiblesse et perd de la crédibilité dans son action.

Toutefois ,dans le cas du Mali, sa ligne est claire et ses positions fermes.

C’est, peut-être ce qui agace la junte qui a reçu la visite du président en exercice de la CEDEAO ,Nana Akufo-Addo (président du Ghana), qui a réaffirmé la volonté de la CEDEAO de faire respecter les engagements pris par les militaires maliens de mettre un terme à la transition en février 2022.

Dans la foulée ,ce week-end,  le Conseil de sécurité de l’ONU a envoyé une mission dans la capitale malienne pour insister sur cet impératif du respect du calendrier électoral.

Acculés, la junte concède qu’elle ne cherche pas à faire perdurer la transition ; mais ne va fixer les dates des scrutins présidentiel et législatif ,qu’à la suite des « concertations nationales » prévues du  21 au 26 décembre 2021.

Cette « acrobatie politicienne », n’a pas d’autre but que d’essayer de gagner du temps et de retarder le départ des putschistes du pouvoir.

Dans sa volonté d’avancer à pas de caméléon vers l’organisations des joutes électorales ,la junte manœuvre pour rendre inéluctable leur report .

En effet ,à 4 mois de la date fixée ,presque rien n’est fait pour le toilettage du fichier électoral, les réinscriptions, la recherche de consensus sur le nombre des députés, etc.

 

Quid des candidatures à la Présidentielle ? Et des institutions qui seront chargées d’en réguler l’organisation ?

A l’évidence, beaucoup de travail reste à faire et un nouvel accord sur de nouvelles dates est indispensable.

Maintenant que les dates des « concertations nationales » sont connues (une décision unilatérale de la junte), ce débat peut et doit être posé.

On voit d’ores et déjà ,des partisans de la junte sortir du bois pour préconiser la prolongation de la Transition.

Quoiqu’il en soit, le temps sera compté et la  junte ne pourrait que « gagner quelques mois ».

Le problème fondamental des putschistes est leur désir de s’accrocher au pouvoir et leur claire conscience de ne pas en avoir les moyens .

Le Mali est hors contrôle étatique dans les  deux tiers de son territoire ; l’insécurité y est une plaie béante ,tout comme le désespoir des jeunes, notamment.

Dans ce contexte ,la dictature militaire est une fausse solution.

Un large consensus serait l’objectif lucide à viser et les élections libres et démocratiques, partout où elles seront possibles ,sont la bonne clé patriotique.

Seront ainsi portés au pouvoir  des leaders  acceptés  et capables de mobiliser les populations ,la communauté internationale et tous les soutiens du Mali. Pour remettre ce pays sur les rails  d’une paix sociale  indispensable  à toute action favorisant la renaissance nationale.

Se mettre à dos la CEDEAO est absurde dans le contexte actuel.

La  junte n’a aucune légitimité pour user et abuser du pouvoir d’Etat.