Les pays voisins du Mali, réunis en Sommet extraordinaire, ont réclamé jeudi le « rétablissement » du président malien Ibrahim Boubacar Keïta renversé par un coup d’Etat et décidé d’envoyer une délégation à Bamako.
Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) étaient réunis jeudi en sommet virtuel « sur la situation au Mali », trois jours après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK ».
Le chef de l’Etat du Niger – limitrophe du Mali – Mahamadou Issoufou, a déclaré à la fin de ce sommet que la CEDEAO a décidé « de dépêcher immédiatement une délégation de haut niveau ».
A Bamako, les habitants ont généralement bien accueilli le changement de régime, vaquaient normalement à leurs occupations, notamment sur les marchés. Elu en 2013 et réélu en 2018 pour cinq ans, le président Keïta faisait face depuis des mois à une contestation sans précédent depuis le coup d’Etat de 2012. Il a été contraint d’annoncer sa démission et la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement dans la nuit de mardi à mercredi, après avoir été arrêté par des militaires putschistes.
Outre le président et son Premier ministre Boubou Cissé, les militaires ont également arrêté plusieurs hauts responsables civils et militaires, parmi lesquels le ministre de la Défense et celui de la Sécurité, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et M’Bemba Moussa Keïta, le président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné et le chef d’état-major de l’armée, le général Abdoulaye Coulibaly. Tous étaient toujours détenus jeudi soir.
Les putschistes, pour la plupart de hauts gradés, ont annoncé dans la foulée que le pays était dorénavant dirigé par un Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avec à sa tête un colonel, Assimi Goïta, et promis des élections dans un « délai raisonnable ».
Le nouvel homme fort du Mali, un officier d’une quarantaine d’années issu des meilleures écoles militaires du pays, dirigeait jusqu’à présent les forces spéciales dans le centre du pays, une région en proie depuis 2015 une multitude d’attaques terroristes qui ont causé de lourdes pertes civiles et au sein de l’armée malienne.
Ces attaques, mêlées à des violences intercommunautaires, ont débordé sur les pays voisins, Niger et Burkina Faso. Le colonel Goïta a justifié mercredi l’intervention des militaires par la « crise socio-politique, sécuritaire » que traverse le pays.