Le projet de la nouvelle constitution du Mali remis au chef de la junte militaire, le colonel Assimi Goïta, le 27 février dernier, n’a pas l’onction d’une bonne partie des imams du pays. Une influente organisation de responsables religieux, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique, a, en effet, appelé, mardi, les fidèles à s’opposer au projet qui prévoit le maintien du principe de laïcité de l’Etat dans le texte fondamental malien.
La puissante association des imams et érudits maliens lance cet appel à quelques jours de la date du 19 mars, retenue initialement pour le référendum sur la nouvelle Constitution.
Le respect de cette échéance est très peu probable, alors que la junte ne s’est toujours pas prononcée officiellement sur le report de ce référendum qui devrait constituer le premier acte vers les élections présidentielles de février 2024.
Cette nouvelle Constitution est d’ailleurs un des éléments essentiels des réformes annoncés par la junte pour justifier son maintien au pouvoir jusqu’en 2024.
Pour rappel, le projet de la nouvelle Constitution réaffirme l’ « attachement à la forme républicaine et à la laïcité de l’Etat ». Il indique que « la laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances. Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle ».
Toutefois, la puissante Ligue malienne des imams, a rejeté, mardi, le maintien du principe de laïcité de l’Etat par rapport à la Constitution de 1992. Elle exige « le retrait pur et simple du mot laïcité » du projet constitutionnel, et son remplacement par « Etat multiconfessionnel ».
Dans une déclaration lue devant la presse, hier, à Bamako, les imams affirment que la laïcité « est une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions ».
Ainsi, la Ligue « exhorte solennellement tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de Constitution sous sa forme actuelle lors du référendum ».
Outre le principe de laïcité, le projet de nouvelle Constitution renforce considérablement les pouvoirs du président de la République qui pourra, par exemple, dissoudre l’Assemblée nationale et aura la possibilité d’ordonner la mobilisation générale, applicable à partir de 18 ans, dans ce pays en proie à la propagation djihadiste depuis 2012.
Par ailleurs, dans le nouveau projet, « les langues nationales sont les langues officielles du Mali », alors que le français est relégué comme « langue de travail ».