Le pouvoir malien n’avait vraiment pas besoin de cette nouvelle crise politico-sociale qui secoue le pays sur la question du rapatriement des « sans-papiers » expulsés de l’union européenne(U.E).
Un accord a été bien signé entre l’UE et Bamako à la suite de quoi des « sans-papiers » maliens ont été rapatriés dans leur pays d’origine. Mais tout avait dégénéré devant le refus de plusieurs d’entre eux d’obtempérer et de descendre de l’avion une fois arrivé dans la capitale malienne.
Le régime du président Ibrahim Boubacar Keita(IBK) déjà faible(le pays est en proie à l’insécurité et à la crise économique) et redoutant le courroux populaire a fait volte face et a refusé d’accueillir les personnes expulsées. Celles-ci ont donc repris le chemin des airs pour retourner d’où elles venaient.
Des manifestations violentes ont ensuite secoué Bamako et le président IBK a été obligé de monter au créneau pour calmer les esprits en affirmant qu’aucun accord contraignant n’avait été signé. Faut-il donc croire que le Mali ne s’est pas engagé à accueillir ses ressortissants expulsés d’Europe ? La vérité est plus complexe : Bamako s’est bien engagé et a vite senti le vent du boulet de la révolte populaire.
Avec des centaines de milliers d’émigrés en Europe notamment, le Mali dépend beaucoup des envois financiers de ces derniers. Aucun pouvoir malien n’osera se les mettre à dos. L’accord avec l’UE ne peut être explicite.
C’est dire que le ministre hollandais des affaires étrangères qui s’est empressé de tweeter là-dessus a fait une bourde diplomatique et politique. Bamako ne pouvait que démentir surtout à quelques jours du sommet « Afrique/France » qui va se tenir dans le pays.
Ce sera l’occasion, pour les associations de la société civile très actives au Mali de poser ce problème difficile de la situation des « sans-papiers » en Europe.
Frileux, en face d’opinions publiques hostiles, les leaders européens n’ont plus le courage de la générosité et de la défense des valeurs humanistes de solidarité. Faibles politiquement et économiquement les leaders africains sont entre le marteau de la demande sociale et l’enclume des pressions des partenaires du Nord.
Le débat sur le rapatriement des « sans-papiers » au Mali met à nu un pouvoir incapable de répondre aux besoins des populations et donc de respecter ses propres engagements.
IBK jusqu’ici est une déception et le Mali traverse une situation très difficile sur tous les plans. Cette nouvelle crise en est une illustration de plus.
Le sommet Afrique/France lui permettra-t-il de redorer son blason ? Rien n’est moins sûr.