De nouvelles allégations sont portées contre l’armée malienne et ses supplétifs du groupe paramilitaire russe Wagner. Une vingtaine de personnes auraient été tuées lors d’une opération menée dans le village de Ouenkoro, dans le centre du pays la semaine dernière.

Selon plusieurs sources civiles et sécuritaires, locales et internationales, citées par RFI, les militaires maliens et leurs supplétifs russes ont lancé leur attaque à l’occasion du jour de foire hebdomadaire. C’était il y a une semaine, les 23 et 24 mars. L’opération s’est déroulée dans la commune de Ouenkoro, dans le cercle de Bankass, dans la région de Mopti.

L’armée ciblerait les djihadistes lorsqu’ils viennent se ravitailler, mais la stratégie expose les civils également présents, notamment des commerçants, des clients et des habitants de Ouenkoro ou des communes environnantes.

Des hélicoptères sont arrivés et ont ouvert le feu sur les personnes qui couraient pour se sauver, selon les mêmes sources. L’armée et ses supplétifs ont ensuite procédé à des opérations de ratissage au sol.

Au cours de l’opération, près de 26 personnes auraient été tuées. Des boutiques ont été incendiées et des personnes ont été arrêtées, ont indiqué les mêmes sources.

Le 12 mars dernier, dans un communiqué, l’armée faisait état d’«opérations aéroportées », «missions de reconnaissance offensive » et des «frappes aériennes »…

Le document parle d’un bilan de 149 «terroristes » tués, une trentaine d’interpellations et plusieurs « sanctuaires terroristes » détruits dans diverses localités du centre et du Nord du Mali, dont Ouenkoro, sans donner de détail sur ce cas précis.

Selon un rapport de l’ONU, le nombre de civils tués au Mali a plus que doublé entre 2021 et 2022. Le document révèle aussi que 35 % des violations des droits humains sont imputables aux Forces de défense et de sécurité (FDS).

Dans sa dernière note trimestrielle sur les violations des droits humains, la Mission de l’Onu au Mali (Minusma), indique que 1 277 personnes ont été tuées en 2022 dans des violences imputables à différents acteurs, contre 584 en 2021. Une augmentation de 118 %.

« D’une manière générale, 2 001 personnes ont été affectées par les actes de violence en 2022 (1 277 tués, 372 enlevés / disparus et 352 blessés) », indique, en effet, la Mission.

« S’agissant des Forces de défense et de sécurité (FDS), 694 violations des droits de l’Homme, soit 35 % du nombre total de violations, sont imputables à leurs éléments, quelquefois accompagnés par du personnel militaire étranger », ajoute la Minusma.

Ces chiffres n’incluent pas les violations commises fin mars 2022 à Moura où, selon l’ONG Human Rights Watch, 300 civils ont été massacrés par des soldats maliens associés à des combattants étrangers, peut-être russes.

L’armée malienne a démenti ces informations, revendiquant l’élimination de plus de 200 djihadistes. Les tensions avec la Division des droits de l’Homme de la Minusma se sont brutalement accrues depuis l’arrivée de la junte militaire au pouvoir, il y a deux ans.

En février dernier, le chef de la Division des droits de l’Homme de la Mission de l’ONU a été expulsé par les autorités maliennes.