Un ancien ministre et plusieurs cadres de la société d’énergie nationale du Mali ont été inculpés et mis sous mandat de dépôt par la Cour suprême pour “atteinte aux biens publics” dans une affaire de malversations présumées.

“Treize personnes ont été inculpées et mises sous mandat de dépôt dans la nuit de lundi à mardi par la Cour suprême pour faux, usage de faux, atteinte aux biens publics notamment dans une affaire d’achat de groupes électrogènes pour fournir l’électricité”, a déclaré à l’AFP une source au sein de la juridiction qui a requis l’anonymat.

La dégradation de la fourniture d’électricité suscite une large exaspération parmi les quelques 11 millions de Maliens qui ont accès à l’électricité, soit la moitié de la population de ce pays dirigé par une junte depuis un coup d’Etat en 2020 et dont une grande partie du territoire est en proie au jihadisme et à l’insécurité.

La société EDM-SA croule sous le poids d’une dette de plus de 200 milliards de FCFA (environ 300 millions d’euros) et n’arrive plus à assurer la couverture en électricité de la capitale et d’autres localités maliennes. Certains quartiers de la capitale Bamako sont plongés dans le noir plus de douze heures par jour.

Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a promis d’améliorer la fourniture de l’électricité et rappelé lors de ces vœux du 31 décembre que “cette situation est consécutive à plusieurs années de mauvaise gestion et de manque de vision pour le développement de ce secteur stratégique”. Le 15 janvier, lors d’une autre cérémonie traditionnelle de vœux, il a affirmé qu’il resterait “intransigeant” sur la lutte contre la corruption.

Parmi les inculpés figurent l’ex-ministre des mines et de l’Énergie Lamine Seydou Traoré, deux anciens directeurs de la société nationale d’Énergie du Mali (EDM-SA), plusieurs employés de la même société, ainsi que des opérateurs économiques.

“Les personnes inculpées, en faisant exécuter de faux contrats, en opérant des détournements, de l’enrichissement illicite et du blanchiment, ont contribué à dégrader l’état de la société”, a assuré à l’AFP une source judiciaire.

Des allégations rejetées par la défense de l’ancien ministre de l’Énergie. “Lamine Seydou Traoré n’est pas acteur dans le processus d’achat d’EDM-SA”, et “le contrat qualifié de faux a été payé par le ministère de l’Économie et des finances et est encore en cours d’exécution par l’actuel ministère de l’Énergie et de l’eau”, selon l’un des avocats de M. Traoré, Me Mamadou Kéïta. “La justice ne doit pas être synonyme de règlements de compte (…) ce sont des boucs émissaires qu’on recherche dans cette affaire”, a-t-il ajouté.