Les voisins ouest-africains du Mali ont conseillé au président Ibrahim Boubacar Keïta de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale et d’organiser rapidement des législatives partielles pour apaiser les tensions.
Il s’agit de la deuxième grande manifestation en deux semaines dans la capitale contre le président malien, après celle qui avait déjà rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes le 5 juin et qui a donné son nom à la contestation, « Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques » (M5-RFP).
La délégation ministérielle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en mission de bons offices au Mali depuis jeudi, a prôné la mise en place d’un « gouvernement consensuel d’union nationale ».
Les membres de la mission ont aussi relevé qu’un arrêt de la Cour constitutionnelle datant de la fin avril était « à la base de la crispation socio-politique actuelle ». Dans cette décision, la haute juridiction avait inversé une trentaine de résultats proclamés des législatives de mars-avril, dont une dizaine au profit de candidats du parti présidentiel, exacerbant les frustrations d’une population déjà éreintée par des années de guerre contre le terrorisme.
Dans son communiqué, relayé par l’AFP, la délégation de la CEDEAO « invite » donc le gouvernement à « reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions ». « De nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées devraient être organisées dans les meilleurs délais », a-t-elle ajouté.
Le président Keïta, à la tête du pays depuis 2013, a tendu la main ces derniers jours à ses adversaires, en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union nationale ». Il a aussi fait des concessions aux enseignants en grève, en promettant les augmentations de salaire qu’ils réclament depuis des mois.
Ces tensions politiques surviennent alors que le Mali est toujours en guerre contre les groupes terroristes liés à Al-Qaïda et à l’Etat Islamique. Dimanche, une attaque qui leur a été attribuée a fait au moins 27 morts dans les rangs de l’armée malienne.