La Junte arrive à ses fins en faisant sienne le poste de Président de la transition et en propulsant Choguel Maiga à la Primature pour obtenir le soutien du mouvement M5 qui avait déclenché la vague protestataire qui avait fini par emporter IBK.
Ainsi les « deux bras civil et militaire » qui ont bouté IBK hors du pouvoir se retrouvent pour le partager.
C’est une réconciliation pour un partage du gâteau qu’impose une nouvelle donne politique qui consacre la toute puissance de Goita, chef de la Junte et chef de l’Etat.
La logique de puissance qui est à l’œuvre devrait finir par un choc frontal entre les deux alliés, tôt ou tard, au fur et à mesure que les échéances électorales fixées à février 2022 approchent.
Toutefois les deux alliés de circonstance ont intérêt à retarder les rendez-vous électoraux -qui vont signer leur retraite politique- autant que faire se peut.
C’est pourquoi, la CEDEAO doit rester vigilante, après avoir capitulé devant le fait accompli.
Le problème est que la Junte est maintenant en position de force et n’a plus peur de la CEDEAO qui a perdu de sa superbe, en abandonnant sa position de fermeté affichée lors du « premier coup d’Etat ».
Il est vrai que le précédent tchadien -avec la validation par l’Union africaine de la succession dynastique des Déby- a fragilisé la CEDEAO.
Les putschistes maliens se sont engouffrés dans la brèche et ont eu gain de cause.
A moyen terme, cependant, les citoyens maliens vont se rendre compte que rien n’a changé car un pouvoir impuissant va en remplacer un autre.
Ces militaires n’ont pas les moyens de faire face aux jihadistes et, encore moins de contrôler l’ensemble du territoire.
Ils vont jouir du pouvoir et se mettre à dos le peuple quand les échéances électorales fixées vont poindre à l’horizon.
Tous ceux qui se réjouissent de l’éviction de Bah Ndaw et Moctar Ouane pourraient le regretter car, il est impossible, en 9 mois, que le nouveau gouvernement annoncé inclusif puisse réaliser des miracles.
En toute logique, il sera encore en rodage lorsqu’il faudra passer la main.
On peut s’attendre à des manœuvres dilatoires pour gagner du temps et, peut-être allumer la mèche d’une nouvelle crise politique. En ajoutant un nouveau chapitre à la série, en cours, des coups d’Etat.