La justice malienne a inculpé jeudi six personnalités civiles, dont un ancien Premier ministre et un populaire animateur radio. Elle a également écroué cinq d’entre elles pour tentative présumée de coup d’Etat selon leurs avocats.

Le parquet de Bamako a annoncé jeudi dans un communiqué l’ouverture d’une information judiciaire contre six personnalités, dont le dernier Premier ministre avant le putsch d’août, Boubou Cissé, pour « complot contre le gouvernement, association de malfaiteurs, offense à la personne du chef de l’Etat et complicité ».

Le juge a ordonné leur placement sous mandat de dépôt, à l’exception de Boubou Cissé, qui est « resté introuvable » selon le parquet. Cissé est présumé se trouver toujours à Bamako, selon l’AFP.

En dehors de Boubou Cissé, la justice a écroué Mohamed Youssouf Bathily, dit « Ras Bath », militant, polémiste et animateur radio aux nombreux sympathisants; Vital Robert Diop, directeur général du Pari mutuel urbain (PMU, organisation de paris sur les courses de chevaux et de jeux de hasard); Aguibou Tall, un responsable d’une agence oeuvrant à l’accès aux télécommunications, demi-frère de Boubou Cissé; et deux hauts cadres du Trésor public (Finances de l’Etat), Mamadou Koné et Souleymane Kansaye.

Autre personnage dans le collimateur: Sékou Traoré, secrétaire général de la présidence de la République. Interpellé lui aussi, il avait été relâché, mais n’est pas tiré d’affaire. Compte tenu de son statut de magistrat et d’un rang équivalant à celui de ministre, les éléments le concernant ont été transmis au procureur général près la Cour suprême, a dit le parquet.

« Atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat »

Le parquet évoque des faits présumés « d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », des « indices graves et concordants » de l’existence d’une « entreprise criminelle » et des « actions de sabotage » contre des initiatives prises par les autorités de transition mises en place par les militaires après leur putsch.

Le parquet se garde de parler de coup d’Etat, mais c’est bien « pour des faits (présumés) de tentative de coup d’Etat » que les mis en cause ont été inculpés, a souligné dans un communiqué le collectif d’avocats qui les défend.

Aucun détail précis n’a été divulgué sur les faits reprochés. Le parquet invoque en termes vagues « des contacts suspects » entre certains mis en cause, des déplacements également suspects dans le pays ou la possibilité de liens avec des « organisations et personnalités influentes du monde médiatique pour les besoins de l’entreprise criminelle projetée ».