Le colonel malien, Assimi Goita

Le putschiste Assimi Goita n’a jamais abandonné son projet de diriger, seul, le Mali.

C’est parce qu’il s’est heurté à la réaction ferme de la CEDEAO et de toute la Communauté internationale qu’il avait mis de l’eau dans son vin et accepté une « transition civile ».

Mais sa position de « vice-président de la transition » était vécue comme une humiliation, lui qui avait commencé à goûter aux délices du sommet du  pouvoir,accueilli ici et là, comme « chef d’Etat », pour un court moment, avant de devoir céder la place à Bah Ndaw, un colonel à la retraite qu’il était allé trouver dans ses champs pour en faire un pantin.

C’est bien cette frustration et la volonté toujours farouche d’être seul maître à bord, qui explique ce « coup d’Etat dans le coup d’Etat », pour reprendre la formule du président Macron.

Arrêtés pendant trois jours et poussés à la démission, le président Bah Ndaw et le Premier ministre Ouane ont subi intimidation et contrainte inacceptables, infligées par des putschistes qui ont récidivé.

Leur libération n’est pas un acte de contrition, mais plutôt un choix de raison et de lâcheté de la part de militaires devenus parias pour la Communauté internationale qui a exigé la libération, sans condition, du Président et du Premier ministre  de la transition.

Maintenant que cela est fait, Goita cherche à faire avaler la couleuvre d’une redistribution des cartes à la CEDEAO et au reste de la communauté internationale, en essayant de proposer le poste de chef du gouvernement au Mouvement M5.

Cette manœuvre est grossière car elle cherche à le propulser et à le légitimer à la tête du pouvoir.

La CEDEAO est ferme là-dessus : La transition doit être dirigée par un président et un chef du gouvernement civils.

Cette position de principe et de fermeté   récuse la prise du pouvoir par la force  quelle que soit la forme.

Goita le putschiste est dorénavant à visage découvert et ne peut tromper personne.

Il est obligé de reculer ou de choisir une fuite en avant dont il n’a pas les moyens dans un pays divisé où l’Etat central est chimérique, en dehors de Bamako et environs.

Les échéances électorales de février 2022 sont impératives, tout comme l’est le gouvernement de la transition par des civils.

Si les sanctions ne sont pas encore prises ; c’est bien parce que la Communauté internationale attend les conclusions de la médiation en cours de la délégation de la CEDEAO qui est sur place à Bamako.

Le jeu pervers de Goita et acolytes ne peut pas prospérer, ni pour changer la nature de la transition, ni pour en reculer la durée.

Le temps des coups d’Etat légitimés est révolu en Afrique.

Goita et ses complices sont en retard d’une génération, au moins.

Ils ont le choix de faire machine arrière, encore une fois, ou de s’engager dans un bras de fer où ils vont laisser beaucoup de plumes.