Le gouvernement malien a adressé une mise en garde musclée à des partenaires internationaux contre les menaces pesant sur un important accord de paix avec des groupes armés du Nord, alimentant la crainte d’une reprise des hostilités.

L’un des hommes forts du gouvernement militaire, le colonel major Ismaël Wagué, a écrit récemment en termes vigoureux au ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, dont le pays est le chef de file de la médiation internationale qui appuie la mise en oeuvre de cet accord dit d’Alger signé en 2015.

Le voisin algérien et la médiation s’emploient depuis des semaines à sortir de l’impasse. La lettre du colonel major Wagué est datée du 24 février, avant donc que le président algérien Abdelmadjid Tebboune ne reçoive des représentants de la CMA le 26 février.

Dans cette lettre, relayée par l’AFP, il accuse de violations répétées l’un des signataires de l’accord, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance de groupes indépendantistes et autonomistes à dominante touarègue.

Il va jusqu’à remettre en question le crédit de la médiation qui associe l’Algérie, l’ONU, des organisations africaines et des partenaires étrangers. « Le comportement de certains mouvements constitue une entrave à la paix », dit le ministre.

Il accuse la CMA de « collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes ». « Le gouvernement mettra tout en œuvre pour atteindre ses objectifs, quels qu’en soient le prix et la forme », dit-il, en citant la souveraineté parmi ces objectifs.

De vastes étendues du Nord sont sous le contrôle de la CMA, dont la ville stratégique de Kidal.  Cette insoumission à l’autorité centrale est un sujet majeur d’irritation pour la junte, qui fait de la souveraineté son mantra depuis qu’elle a pris le pouvoir par la force en 2020, a rompu l’alliance avec la France et ses partenaires contre le djihadisme et s’est tournée militairement et politiquement vers la Russie.

L’avertissement de la junte intervient dans une période de vives tensions entre la junte et les signataires de l’accord, au premier rang desquels la CMA. Le doute va grandissant sur l’avenir de l’accord.

L’accord signé en 2015 par l’État malien et des groupes loyalistes avec la CMA a mis fin aux hostilités enclenchées avec les insurrections indépendantiste et salafiste de 2012 dans le Nord. Les djihadistes continuent, eux, de combattre sous la bannière d’Al-Qaïda ou de l’organisation État islamique, et la crise sécuritaire s’est propagée au centre du Mali ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger.