Les autorités de l’Est de la Libye ont annoncé lundi la “fermeture de tous les gisements et terminaux pétroliers” ainsi que “l’arrêt des exportations jusqu’à nouvel ordre”, sur fond de crise politique majeure avec le gouvernement rival de Tripoli, reconnu par l’ONU.
Cette décision qui correspond au blocage des principales infrastructures pétrolières du pays – majoritairement situées dans l’Est – intervient en riposte à une prise de contrôle lundi matin de la Banque centrale de Libye (BCL) et au remplacement de son gouverneur par les autorités de Tripoli.
La BCL centralise les recettes des exportations d’hydrocarbures et gère le budget de l’Etat qui est ensuite redistribué entre les différentes régions y compris l’Est.
En proie au chaos depuis la chute et mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux: le Gouvernement d’union nationale d’Abdelhamid Dbeibah installé à l’Ouest et reconnu par l’ONU, et l’autre dans l’Est, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.
Le gouverneur de la BCL Seddiq el-Kebir était critiqué dernièrement par l’entourage de M. Dbeibah pour sa gestion des ressources de l’Etat et de la manne pétrolière. Le 11 août, plusieurs dizaines de personnes, dont certaines armées, avaient tenté de l’expulser du bâtiment avant leur dispersion. Une semaine plus tard, le directeur informatique de la BCL avait été brièvement enlevé.
Le gouvernement de l’Est, basé à Benghazi (est) a dénoncé dans son communiqué lundi des “attaques et tentatives d’incursion par la force” dans les locaux de la BCL, visant à prendre le contrôle de cette institution de manière “illégale”, qui ont “bloqué et perturbé les transactions bancaires” dans le pays.
L’exécutif de l’Est a également déclaré “l’état de force majeure” sur les champs et ports pétroliers, ce qui a entraîné leur fermeture, une décision qui est normalement du ressort de la Compagnie nationale de pétrole (NOC).