L’accord international conclu à Berlin pour ramener la paix en Libye est hors sol. Il repose sur la bonne foi des soutiens des deux belligérants à savoir Sarraj, chef du gouvernement basé à Tripoli et le Maréchal Haftar, l’homme de Benghazi. Ces deux -là ont fait le déplacement en terre allemande, mais ont refusé de se rencontrer. Leurs « souteneurs » ont cherché à faire bonne figure et se sont engagés à ne plus leur apporter l’aide indispensable pour leur permettre de continuer les hostilités.
Un tel engagement peut-il être sincère ? Il est permis d’en douter, car les intérêts qui en sont les racines demeurent. Turquie et Egypte ne peuvent pas effacer d’un trait de plume le lourd contentieux qui les oppose et qui s’enfonce dans le cœur même de chacun des deux régimes concernés. Lesquels sont aussi des puissances régionales qui ont des visées économiques antagoniques, des alliances politiques inconciliables et des choix stratégiques à fronts renversés, si on peut dire.
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Les Européens ont aussi des intérêts conflictuels en Libye, où Américains et Russes lorgnent du côté des puits de pétrole. L’élimination de Khadafi, après 42 ans de règne, ouvre la boite de Pandore dans ce pays où l’Etat-Nation n’a jamais pris racine. Le tribalisme y est plus vivace que jamais et l’unification politique naguère plus théorique que pratique, est devenue illusoire.
Et parmi tous ceux qui ont signé l’accord international de Berlin, beaucoup n’ont pas intérêt qu’il soit appliqué. Il s’agissait d’une opération de communication politique, sans lendemain. Hélas !
Aucune rencontre, sommet ou, colloque etc… ne peut, sur la seule base d’un dialogue qui ne s’appuie pas sur l’état des rapports de force sur le terrain, apporter une solution pérenne à la guerre en Libye. La critique des armes, il est vrai s’est embourbée, aux portes de Tripoli, où les troupes du Maréchal Haftar, n’arrivent pas à porter l’estocade. C’est pour quoi, il y a enlisement, même si, ces derniers jours, Haftar semble en meilleure position que Sarraj.
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Toutefois, si la « guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens », il est fondamental qu’on arrive à la terminer. Ce n’est pas encore le cas en Libye, d’où le blocage actuel.
Si aucun des belligérants n’arrive à s’imposer, l’usure du temps pourrait favoriser une solution négociée. Mais Berlin semble avoir été organisé trop tôt et l’attitude hostile de Sarraj et de Haftar en dit long sur leur volonté de se recroqueviller sur des positions retranchées.
Les intérêts en jeu sont tellement énormes que la lucidité impose le scepticisme. A tout le moins !