Georeges Weah est en pôle position pour remporter l’élection présidentielle qui se tient ce jour au Libéria. Il se détache assez nettement par rapport aux autres 19 candidats qui lui font face.
Toutefois des surprises sont toujours possibles dans ce pays où la corruption fait des ravages. Un deuxième tour pourrait avoir lieu et ouvrirait la porte à toutes sortes de marchandages. En réalité nombre de candidats se sont lancés dans la course dans cette perspective.
Il n’en demeure pas moins que c’est bien une nouvelle page de la politique libérienne qui s’ouvre avec le départ de la première femme élue démocratiquement présidente en Afrique et qui a servi deux mandats jusqu’au bout.
Le bilan de Mme Johnson-Sirleaf est cependant mitigé. La paix s’est installée dans le pays qui a réussi à vaincre l’épidémie terrifiante d’Ebola. Mais les questions sociales et économiques restent un casse-tête dans un petit pays miné par la misère. Plus de 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Mme Johnson-Sirleaf a échoué avec ses recettes de la banque mondiale. Le nouveau président(ou la nouvelle) devra essayer autre chose pour changer la donne.
Il avait été reproché à Weah son inexpérience, il y a maintenant plus de dix ans. Cet argument ne tient plus. Même si rien n’est garanti avec lui comme avec un autre. Les tentations du pouvoir, notamment dans ces petits pays pauvres sont nombreuses. Les exemples de la Gambie de Yaya Jammeh ou encore de la Sierra-Leone, voire de la Guinée-Bissau sont tristement édifiants.
Le Libéria a connu une guerre civile dévastatrice et n’est pas à l’abri d’une rechute si le pouvoir n’est pas bien tenu c’est à dire démocratiquement.
Mme Sirleaf-johnson a prouvé que c’était possible. Son successeur doit continuer dans cette voie politique et ne pas tenter le diable. Les institutions du pays sont-elles assez fortes pour cela ? Il va falloir juger en passant au tamis de la critique les actes des uns et des autres.
Le Libéria est à une étape cruciale de sa mue politique : si la présidentielle se passe bien et que les résultats sont acceptés par tous ; alors un nouveau départ démocratique sera acté et renforcé. Il ne faut pas oublier non plus les législatives qui se tiennent en même temps et qui seront un révélateur des forces politiques réelles en présence.
Le monde entier a les yeux rivés sur le Libéria. À ses citoyens de relever le défi de réussir ce nouveau rendez-vous avec l’Histoire.