Que le scrutin du 26 octobre ait lieu ou pas, le Kenya va s’enfoncer dans l’engrenage de la violence.
Depuis les élections présidentielles du 8 août annulées, des dizaines de personnes ont perdu la vie. Et cela va malheureusement continuer. Le pire est à craindre avec les remous qui secouent la commission électorale qui a enregistré la démission d’un de ses membres. Son président n’a pas hésité à tancer les politiciens et à exprimer publiquement ses doutes quant à la tenue du second scrutin prévu le 26.
L’opposant Raila Odinga qui avait décidé de se retirer de la course a saisi la balle au bond pour préconiser le boycott de la présidentielle. Pour lui les conditions de l’organisation d’un vote transparent ne sont pas réunies. Cette fois ci, il est difficile de lui donner tort. Mais la faute à qui ?
D’abord à la cour suprême qui a annulé les résultats du 8 août en se contentant d’exiger l’organisation d’un nouveau vote avec la même commission électorale qu’elle ne s’est pas gênée de critiquer durement. Sans avoir le courage de préconiser, au moins, sa recomposition. Dans la foulée, le président sortant qui avait « gagné » a attaqué violemment les juges et les avait accusés d’avoir tenté « un coup d’Etat ». Il a ensuite mis en branle ses importants moyens politiques, étatiques et financiers pour repartir en campagne électorale.
La vérité est que l’opposition n’a pas les moyens-notamment financiers de suivre-et elle joue la carte du chaos. Aujourd’hui tout le monde y perd son latin et la cour suprême affiche un silence assourdissant.
Si aucune condition n’est réunie pour des élections paisibles, toutes le sont pour mettre le feu aux poudres. D’ailleurs le brasier est déjà allumé. Seule une intervention musclée de l’ONU peut sauver la situation ou, à tout le moins, atténuer les violences en mettant en garde les leaders politiques de tous bords.
En 2008 plus de 1000 personnes avaient péri suite à des violences politiques. Depuis des dizaines ont connu le même sort dans un pays « éthnicisé » à outrance. Pour une fois le coupable numéro 1 est la cour suprême qui a failli en jouant les Zorro castré. Elle a comme été tétanisée par sa propre audace d’annuler la présidentielle. Il est vrai qu’en son sein des dissensions multiples existent. D’ailleurs c’est par une courte majorité que la décision d’annulation du scrutin avait été prise.
Hélas, les citoyens vont en payer le prix le plus fort qui soit, celui du sang.